3 - Contiguum Urgence / Réhabilitation / Développement

3.1 - Présentation

Ce grain a été réalisé par Béatrice Boyer, architecte urbaniste, responsable du pôle habitat et urbanisme du Groupe URD (Urgence Réhabilitation Développement) jusqu’en Juillet 2015. Le Groupe URD est un institut de recherche et d’évaluation spécialisé sur l’analyse des pratiques et des politiques humanitaires de post-crise. Issu d’un groupe de réflexion dès 1993 autour du lien Urgence – Développement ou plutôt autour de l’absence de lien entre ces deux secteurs de l’aide internationale constatée sur les terrains de crises, conflits comme catastrophes naturelles, le Groupe URD est devenu par la suite un think tank reconnu internationalement pour ses analyses de ces secteurs d’activités pré et post crise.

« La relation urgence-réhabilitation-développement reste une difficulté méthodologique et opérationnelle majeure. Les programmes d’aide humanitaire et de coopération au développement sont de nature différente. La finalité de l’action, les mandats, les savoir-faire et les objectifs sont distincts »1 : constatait le Groupe URD dès les années 1990. La relation urgence-développement constitue encore non seulement une difficulté méthodologique et opérationnelle, mais plus profondément une confrontation de culture, de nature et de statut, et les instruments et méthodes de travail diffèrent sur de nombreux points comme lien ou pas avec les partenaires locaux, rôle des autorités nationales, etc.

Mais, depuis, la complexification des crises et de leurs contextes interroge ce lien entre des actions menées en situation d’urgence post crise et des actions locales de développement, revendiqué un temps comme nécessitant un continuum linéaire avec une phase de transition : le R (Réhabilitation) de l’ U.R.D. Depuis, les acteurs de l’aide doivent répondre à des situations où se superposent de façon concomitante, spatialement et temporellement, des besoins d’urgence d’aide à la personne, à court terme, et des besoins d’appuis structurels sociétaux à moyen et long terme, comme peuvent s’y côtoyer des situations d’insécurité majeure avec des besoins d’aide à la reconstruction ; d’où de nombreuses interrogations sur la nature du lien à établir entre les secteurs d’activités - Urgence et Développement.

Dans des compréhensions affinées de ces contextes, de nouvelles procédures de l’aide se sont développées avec une approche de « contiguum urgence / développement », qui reflète mieux la complexité des situations impliquant le chevauchement entre les actions de court et de long terme, et des dynamiques spatiales différentes »1. La communauté de la Solidarité Internationale, admettant non plus une lecture linéaire de la crise et des mécanismes de l’aide avec des concepts de lien ou de continuum mais une approche d’un contiguum de ces phénomènes, ce qui a nécessité de croiser les analyses, les stratégies et modes d’actions. Ces différents acteurs, bailleurs, opérateurs, mais aussi chercheurs ont compris qu’il était indispensable de favoriser l’interconnaissance des deux approches et de coordonner les méthodes et savoir-faire en associant objectifs à court terme, moyen terme et long terme.

Face à cette nouvelle lecture internationale sur les besoins et les réponses à apporter aux situations d’Urgence et/ou de Développement, qui évoluent constamment au regard de la volatilité de ces situations et des réactions locales, la Communauté internationale débat intensément de ses responsabilités en affinant ses modalités d’actions en tenant compte de ses obligations de redevabilité et de transparence des actions vis à vis des donateurs et en particulier des fonds publics. La pression médiatique joue un rôle de plus en plus important avec les réseaux sociaux. C’est ainsi qu’à ce jour, dominent dans les échanges internationaux, à dominante anglo-saxonne, des concepts tels que le LRRD (Linking Relief Rehabilition Development), Early recovery, Résilience, qui au delà de concepts sont des cadres juridiques, financiers et processus d’intervention qui tentent de répondre à ces complexités.

Liens
Objectifs spécifiques du grain

S’adressant à des architectes susceptibles d’intervenir dans ces contextes, ce grain a pour objectif de faire comprendre les concepts débattus et admis autour du lien URD, qui génèrent les cadres d’intervention en matière d’aide au relogement et à la reconstruction post crise. Une bonne connaissance de ces enjeux permet aux architectes d’être avertis des conditions et contraintes dans lesquelles ils pourraient apporter leur compétence dans les phases de post urgence en lien avec des objectifs de durabilité qui relèvent plus du développement. La construction et plus encore la réflexion architecturale demandent une approche intégrant les temps et critères culturels, sociaux et techniques, ce qui est difficile dans l’urgence mais pas impossible ! Selon ces phases de participation à la gestion de la crise – pré crise, pendant la crise, post crise - plusieurs objectifs d’apprentissage de positionnement des compétences d’aide à la reconstruction guident ce grain :

  • Comprendre quel est le cadre d’intervention des humanitaires dans l‘urgence et comment s’imbriquent au delà du court terme les impacts à plus long terme de ces actions ; comprendre comment est réfléchi dans le secteur le fait de penser stratégie de sortie de crise dès la mise en route de l’action d’urgence avec une vision de pérennité des actions.
  • Comprendre le positionnement français en rapport au risque de survenue de crise notamment la mise en place d’instances de débats de prévention et de préparation de la gestion de crise.
  • Enfin comprendre comment se construisent les directives « éthiques » et cadres internationaux d’incitation à une qualité d’actions, cadres qui s’imposent à tous participants de reconstruction post crise avec comme conséquence la nécessité de mener des stratégies d’actions coordonnées, que ces acteurs soient intervenants opérationnels, décideurs, bailleurs de fonds.
Activités

Parcourir les ressources proposées qui sont simplifiées en trois approches chronologiques depuis l’évènement majeur de la catastrophe du tsunami de 2004, qui a fait changer les paradigmes humanitaires sur les plans internationaux, jusqu’aux débats nationaux et internationaux de 2015 sur les enjeux de pérennisation des impacts des actions d’urgence.

Durée
4 heures (et plus)