8 - Intervention dans des contextes urbanisés

8.1 - Présentation

Ce grain a été établi par Beatrice Boyer, architecte urbaniste responsable de 2005 à 2015 du pôle habitat et urbanisme au Groupe URD (Urgence Réhabilitation Développement), institut indépendant, reconnu comme think tank, spécialisé sur l ‘analyse des pratiques et des politiques humanitaires et post-crise.

Cette période couvre des crises majeures dont une grande partie des impacts a touché des zones urbanisées, ce qui a mis en question les pratiques habituelles des organismes d’aide post urgence. S’en sont suivi des débats internationaux qui bousculent les pratiques et requièrent de nouvelles compétences, de nouvelles typologies d’intervention, de nouvelles stratégies d’action et de coordination pour répondre aux besoins des populations affectées.

Le Groupe URD ayant été très présent sur toutes ces crises, sur le terrain comme dans les débats français et internationaux, sa bibliographie sert de base à la présentation ci-après des enjeux de la reconstruction post crise en ville.

Contexte de l’aide post crise en ville

Depuis 2005, constats de l’évolution des programmes d’aide au relogement post urgence vers des interventions en ville

Le relogement de personnes affectées par des crises faisait et fait encore l’objet de très nombreux programmes de production d’unités d’habitation oscillant, selon l’évolution des phases post crise, entre fournitures de tentes, abris d’urgence, de transition et constructions. Or les questions que cela pose aux bailleurs et opérateurs se sont complexifiées devant l’impératif d’une meilleure adéquation aux contextes. Aussi ces programmes, en évoluant vers de la production d’abris modulables-réutilisables, ou vers des réhabilitations, confortations de bâtis existants, appuis à de l’auto-construction ou constructions de maisons permanentes (anticycloniques, parasismiques), ont généré le besoin de nouvelles compétences d’architecte et d’ingénieur dans ce champs d’activité, etc.

Plus encore, ces mêmes interventions opérées dans des contextes urbains en situation post-crise se sont avérées touchant des contextes complexes nécessitant des compétences élargies aux enjeux urbains.

Complexités inhérentes à la ville

En effet, la ville est le produit d’ensemble de systèmes très imbriqués et de natures différentes (historiques, techniques, sociaux, culturels … mais aussi politiques, sociétales et économiques) et toute crise déstabilise l’ensemble de ces systèmes. Aussi, intervenir après une catastrophe en ville ou en péri-urbain est plus compliqué qu’intervenir en milieu rural ou dans des zones d’habitats dispersés.

Ces dernières années, tant en phase d’urgence qu’en phase de reconstruction, les observations ont révélé l’extrême difficulté pour les acteurs de la gestion de crise (urgentiste, humanitaires, bailleurs…) d’adapter leurs programmes à ces contextes, à la bonne échelle d’intervention, en particulier concernant de relogement. Les ravages de l’ampleur de la catastrophe du Tsunami sur la ville d’Aceh en Indonésie en décembre 2004 ou du séisme du 10 janvier 2010 en Haïti détruisant une grande partie de la capitale politique administrative, économique de Port au Prince, ont montré les limites des mécanismes et logistiques classiques des systèmes humanitaires en ville.

Puissance mais aussi vulnérabilités inhérentes à la ville

La ville est en effet complexe à comprendre, elle génère ses propres dynamiques, toujours en mouvement, avec des interférences multiples de différents natures et à différentes échelles que ce soit en termes techniques (réseaux), en termes sociétaux (juxtaposition de communautés d’intérêts fluctuants, évolutions rapides, réactivités collectives), en termes environnementaux (impacts démultipliés sur les espaces, pression sur les ressources, rejets à gérer), en termes symboliques (pouvoirs). La relation au monde rural (approvisionnement, services et rejets) est une condition de son équilibre. La ville est par ailleurs essentiellement économique. Enfin incontournable sont les aspects politiques comme la gestion de son territoire et toutes actions qui s’y impliquent. Le système humanitaire de la neutralité, de la gratuité et de l’indépendance par rapports aux autorités locales n’a pu fonctionner et a dû se mettre en question.

Objectifs spécifiques du grain

Enjeu de l’implication d’architectes et autres acteurs de la ville sur les terrains de post crise

  • Faire comprendre pourquoi il y a des besoins de compétences en enjeux architecturaux et urbains sur la situation de post catastrophe.
  • Faire comprendre comment de potentiels intervenants d’aide à de la reconstruction doivent réfléchir leurs actions dans des tissus urbains et institutionnels.
  • Alerter sur les contraintes spécifiques des interventions dans les contextes urbains où les complexités sont multidimensionnelles : densité des bâtis, gestion d’espaces publics, pression économique, autorités locales incontournables, effets sociétaux, etc.
Activités

Parcourir les ressources proposées : articles, documents pdf et vidéos disponibles sur le site internet du Groupe URD

Durée
3 à 4 heures