Introduction
En effet, les inondations sont au premier rang des catastrophes naturelles dans le monde : ce sont les plus fréquentes et les plus coûteuses en terme de souffrance humaine et de pertes économiques.
A l’échelle mondiale, plus de 500 millions de personnes sont affectées par les inondations dont 400 millions en Asie et plus de 25 000 en périssent chaque année [RAMADE F. Des catastrophes naturelles ? Dunod, UniverSciences, Paris, 2006, 258 p.]. Rien qu’en Europe entre 1998 et 2006, les inondations causèrent quelques 700 morts, le déplacement de 500 000 personnes et au moins 25 milliards d’euros de pertes économiques couvertes par les assurances (Commission des Communautés Européennes, 2006).
L’inondation est également un risque naturel majeur [selon la définition du MEDD, c’est un « risque lié à un aléa dont les effets prévisibles mettent en jeu un grand nombre de personnes, provoquent des dommages importants et dépassent les capacités de réaction des populations ». Autrement dit, c'est la confrontation d'un aléa avec des enjeux se caractérisant par un nombre conséquent de victimes, un coût élevé de dégâts matériels, des impacts notoires sur l'environnement auxquels les populations ne peuvent faire face seules. Sont considérés comme risques naturels majeurs en France : inondations, avalanches, mouvements de terrain, feux de forêt, cyclones, tempêtes, séismes, éruptions volcaniques.] de premier ordre en France : 74 % des communes exposées à un risque naturel sont soumises aux inondations, lesquelles représentent 80% des dégâts produits par l’ensemble des catastrophes naturelles, soit un coût des dommages d’environ 250 millions d’euros par an (MEDD, www.prim.net). Les scénarios catastrophes donnent des montants plus importants encore : 12 milliards d’euros de dommages directs pour une inondation type 1910 affectant la région parisienne [IIBRBS. Evaluation des dommages liés crues en région Ile-de-France, août 1998.] (www.iibrbs.fr).
Qu’en est-il de l’avenir ? Les projections font état de quelque 2,5 milliards de personnes qui seraient vulnérables à des inondations catastrophiques en 2050 du fait de la perspective de croissance démographique dans les zones inondables, des changements climatiques, de la hausse du niveau des mers et de la déforestation [Cité dans Ramade, 2006, p.94. Collins, T. Université des Nations Unies in NASA, Two billions Vulnerable to floods in 2050, Nasa News, 13 juin 2004.].
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une réalité physique (l’aléa), caractérisée par son extension spatiale, sa magnitude, sa fréquence, sa durée, sa saisonnalité ;
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un fait social, économique et politique (la vulnérabilité) caractérisé par son coût économique et psychologique, sa perception, sa gestion.
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Elles contribuent à la sauvegarde et à la qualité de la ressource en eau : en assurant la recharge des réservoirs de surface et des nappes d’eau souterraines et la garantie d’une partie des débits à l’étiage. Cet apport en eau en grande quantité est vital pour entretenir l’irrigation des terres agricoles et la pisciculture dulcicole, pour maintenir les économies agricoles exigeantes en eau dans les pays peu développés où l’alimentation dépend des ressources en riz, poisson... Les inondations contribuent également à qualité de l’eau de surface en aval des zones inondées et des nappes phréatiques par le rôle de filtre « auto-épurateur » que jouent les différentes strates du sol pour un certain nombre de polluants transportés par l’eau. C’est un rôle très important lorsque l’on sait qu’elles peuvent réduire a priori les coûts de traitement des eaux usées en aval et que les nappes sont de précieuses réserves d’eau potable.
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Elles contribuent à la fertilisation des sols en participant au transit et au dépôt des sédiments fins accompagnés de matière organique et de sels minéraux pendant la crue (le limon). Les zones inondées sont aussi souvent le siège de proliférations d’algues microscopiques d’eau douce qui fixent l’azote et participent à la fertilité des sols. Les inondations maintiennent ainsi la qualité agricole des plaines deltaïques des grands fleuves, y compris dans les régions de climat aride (Nil en Egypte, Tigre et Euphrate au Moyen-Orient, Sénégal en Afrique).
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Elles contribuent au maintien de la biodiversité et à la qualité des paysages : les zones inondables sont une mosaïque de milieux humides temporaires très divers tels que forêts (ripisylves), prairies, roselières, bancs de graviers, etc. Les forêts alluviales rhénanes par exemple ont une productivité exceptionnelle grâce aux inondations estivales du Rhin. Elles ont également un impact positif sur la qualité des eaux en filtrant les nutriments et les produits phytosanitaires issus de l’agriculture intensive. La très grande diversité d’habitats profite à de nombreuses espèces animales et végétales (mammifères, oiseaux, insectes, batraciens, reptiles, flore herbacée ou arbustive, ...). Les zones inondables sont aussi des relais pour les espèces migratrices (espaces de repos).
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Elles contribuent à la réduction des risques d’inondation en aval, à la lutte contre l’érosion des deltas et à la protection contre les tempêtes côtières. Les zones inondables sont des espaces de stockage des eaux de crues en amont des zones vulnérables (champ d’expansion des crues). Elles participent au laminage ou écrêtement des crues, c’est-à-dire à l’étalement du débit dans le temps, réduisant d’autant le risque d’inondation en aval. Par ailleurs, l’apport en limon jusqu’aux deltas limite l’érosion marine. Enfin, les accumulations de sable déposées par les eaux de crue en aval des fleuves conduisent parfois à l’édification de barrières naturelles qui tiennent lieu de protection temporaire contre les tempêtes côtières, comme au Bangladesh.
Dans l’effort de gestion des risques d’inondation, la plaine d’inondation représente donc un enjeu fondamental en qualité d’espace économique. Cet espace est le siège d’une activité humaine très importante qui a évolué au fil des siècles, s’est diversifiée et intensifiée surtout depuis les années 1970-80 et dans les pays développés.
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la mise en valeur agricole des basses terres débute il y a plus de 2000 ans en France et près de 4000 ans dans le bassin du Tigre et de l’Euphrate en Mésopotamie. Pour répondre à la demande croissante et s’adapter à la concurrence économique, l’activité agricole ne se déroule plus au rythme des inondations comme autrefois, excepté dans certaines régions (riziculture en Asie). La vulnérabilité des cultures et en conséquences des économies locales a fortement augmenté ces 20 dernières années.
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La mise en valeur industrielle à partir du 19ème siècle résulte d’abord de l’utilisation du cours d’eau comme voie de communication et de l’exploitation de l’eau pour des activités de plus en plus diversifiées. Depuis les années 1970-80, l’attractivité du prix pour ces espaces plans et étendus, en cours de raréfaction sous l’effet de la pression foncière, a engendré une prolifération des zones industrielles, commerciales et d’activité dans le lit majeur remblayé en bordure de rivière (vallée Saône aval, Rhône, Rhin) et dans les vallées plus encaissées où de tels terrains sont rares.
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La mise en valeur urbaine est caractéristique de la fin du 20ème siècle. Même si les rives des fleuves et leurs vallées furent des lieux d’habitation recherchés dès le Néolithique, elles ont longtemps suscité une grande prudence en raison des caprices connus des cours d’eau. Désormais, en réponse à la pression démographique, les collectivités locales mettent à profit les atouts paysagers des espaces encore vierges des plaines alluviales pour y implanter les nouveaux quartiers résidentiels. Les décisions d’urbanisation sont souvent confortées par le sentiment illusoire de sécurité que procurent les barrages et digues qui équipent la majorité des cours d’eau français. 80% des constructions situées en zone inondable en France sont postérieures à 1960 [Dacharry M., Parade aux effets des inondations, BAGF, 1990.Gendreau N. La gestion du risque d’inondation et l’aménagement des cours d’eau, Annales des Ponts et Chaussées n°87, 1998, p.53-59.]. Mais la destruction de lotissements neufs, comme à Vaison-la-Romaine lors de la crue torrentielle de l’Ouvèze en 1992, rappelle cruellement à l’homme que la « non considération » des espaces support du développement comme espaces naturels avant tout s’avère toujours « fatale » à l’homme et finalement contraire au principe de « développement durable » du territoire. Preuve en est l’augmentation continue de la vulnérabilité des biens et des personnes ainsi que du coût des dommages malgré l’amélioration des dispositifs de prévention.
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La mise en valeur récréative, touristique et environnementale des plaines inondables est toute récente. Volontaire ou « forcée » en application de la restriction réglementaire d’occupation des sols (PPR), cette revalorisation traduit un changement de rapport au risque de la société, la reconnaissance du fait que « le risque zéro n’existe pas ». Elle est le symbole d’une prise de conscience collective de l’intérêt environnemental (en termes de biodiversité), économique (en termes de coût des dommages évités) et social (gain en qualité et cadre de vie) de préserver de l’urbanisation les derniers espaces non construits ou détruits par une crue et non reconstruits.
La remontée de nappe phréatique due à la saturation des sols, l’accumulation des eaux de ruissellement sur des surfaces peu perméables en zone urbaine, la marée de tempête ou un raz-de-marée (dans les estuaires), ainsi que les embâcles et débâcles glaciaires sont également à l’origine des inondations dites « naturelles ». Elles sont accidentelles si elles résultent de l’action de l’homme (rupture de barrage ou de digue).
Inondations de plaine | Remontées de nappes phréatiques | Inondations littorales ou estuariennes | |
Espaces concernés | Grands bassins versants (15 000 à 100 000 km2) | Plaines alluviales, vastes surfaces inondées | Littoraux, estuaires |
Causes | Pluies successives et prolongées (jours, semaines, mois) d’origine océanique mais d’intensité modeste (quelques mm à dizaines de mm/h) saturant les sols | Pluies successives et prolongées (mois précédant l’événement) saturant les sols et rechargeant les nappes jusqu’à atteindre la surface | Conjonction d’une crue fluviale et d’un niveau de la mer exceptionnellement élevé sous l’effet de forts coefficients de marée ou par les effets des marées de tempête. (Cas particulier : tsunamis engendrant une vague déferlante inondante rapide pénétrant à l’intérieur des terres (tsunami du 26/12/2004, Asie du sud)) |
Caractéristiques | Montée des eaux et décrue lentes et progressives (quelques cm/h), prévisiblesLongue durée de submersion Gros volume écoulé (centaines de millions à plusieurs milliards de m3) | Montée des eaux et décrue lentes et progressives, affectant les zones basses même en l’absence de débordement direct du cours d’eau Longue durée de submersion | Refoulement des eaux de crue dans les terres, ralentissement de l’évacuation à l’exutoire en fonction des marées. Inondations plutôt lentes. |
Conséquences pour l’homme | Risque humain limité mais coût élevé des dommages lié à la durée de submersion et aux volumes importants écoulés | Risque humain direct quasi nul mais coût élevé des dommages lié à la durée de submersion | Risque humain direct très limité Majoration de l’impact des crues (extension spatiale, durée, coût des dommages) |
Inondations rapides | Crues subites ou éclair (flash flood) et laves torrentielles | Ruissellement pluvial urbain | Débâcles glaciaires | Rupture accidentelle d’ouvrage | |
Espaces concernés | Bassins 500 à 5000 km2, à pentes fortes en zone tempérée ; surfaces variables planes ou non en zone intertropicale (mousson, cyclones) | Petits bassins (quelques km2 à centaine de km2) et lit des torrents en forte pente (> 6%) | Zones urbaines imperméabilisées des petits bassins (< dizaine de km2) souvent en piémont | Plaines et montagnes de climat tempéré à hiver froid et des hautes latitudes | Vallées en aval d’un barrage, plaine alluviale en arrière de digues |
Causes | Pluies pendant 6 à 36h, orageuses, de mousson ou cycloniques très intenses (plusieurs dizaines de mm/h [1 mm de pluie est équivalent à 1 litre d'eau par m²] et centaines de mm/h en zone intertropicale, cumul centaines de mm) | Pluies orageuses intenses localisées, phénomènes cévenols en climat méditerranéen (100 à 300 mm de pluie en quelques heures en France) | Pluies orageuses intenses localisées (quelques centaines de mm en quelques heures) engendrant un ruissellement ou une stagnation d’eaux non absorbés par les sols ou le réseau de drainage urbain | Rupture d’embâcle glaciaire sous l’effet de la pression, d’un redoux brutal de température ou d’une éruption volcanique sous-glaciaire (jökulhlaup en Islande) | Surcharge liée à un événement météorologique exceptionnel (pluies orageuses, abondantes, prolongées) |
Caractéristiques | Montée rapide des eaux (plusieurs dm/h, temps de concentration <12h) Hauteur et durée de submersion longues dans les régions de mousson (semaines, mois) | Rapidité de montée des eaux (souvent < à 1h), charge alluviale élevée et fort pouvoir érosif. En région tropicale, facteur déclenchant de glissements de terrain de grande ampleur.Caractérisées de laves torrentielles sur des pentes > 20% dans le cas de plus de 50% de matériaux solides transportés. | Rapidité de montée des eaux (quelques dizaines de min à quelques heures) concentrées sur les axes de voiries en dehors de tout réseau hydrographique apparent, hauteur de submersion élevée (jusqu’au toit des maisons), vitesse d’écoulement rapide d’eaux boueuses chargées en objets divers | Crue soudaine et violente résultant de la rupture du barrage (embâcle) pouvant se manifester par une vague destructrice en aval, chargée de blocs de glace, arbres etc. | Crue soudaine et violente résultant de la rupture de l’ouvrage. Dans le cas des barrages, déferlement des eaux pouvant entraîner la formation d’une vague destructrice en aval. |
Conséquences pour l’homme | Risque humain et économique élevé Alerte réduite et évacuation difficile | Risque humain et économique très élevés : alerte réduite et évacuation difficile, majoration des risques dans le cas des laves torrentielles qui se solidifient avec la décrue | Risque humain et économique très élevé du fait du caractère urbain des zones touchées et de l’alerte extrêmement réduite | Risque humain et économique généralement limité (affectent rarement des zones urbanisées) | Risque humain dépendant du délai d’alerte pour l’évacuation selon l’état de surveillance des ouvrages. Risque économique très élevé |
Inondations lentes de plaine | Remontées lentes de nappes phréatiques | Inondations littorales ou estuariennes |
Crue de la Seine en janvier 1910 à Paris : pluies abondantes sur sols gelés, 7 milliards de m3 écoulés en 2 mois sous les ponts de Paris, inondation 45 jours, 5 morts, 1 milliards € de dégâts. Crue de l’Elbe et du Danube en Europe centrale en 2002 : 12 jours de pluies intenses équivalant à quatre fois les normales mensuelles, 113 morts, 25 milliards € de dégâts | Somme en avril 2001 : à Abbeville crue cinquantenale résultant d’un cumul de pluies double de celui de la moyenne saisonnière sur les 7 mois précédent l’inondation, décrue > 1 mois, coût des dommages pour le département de la Somme 150 millions € | Inondations du Finistère (Quimper) les 12-13/12/2000 suite aux pluies prolongées des semaines précédentes (365 mm entre septembre et décembre) conjuguées aux vents violents et aux forts coefficients de marée. Pas de victimes mais 6000 foyers privés d’électricité, 33000 abonnés privés de téléphone, 1000 habitations sinistrées. |
Inondations rapides | Inondations torrentielles crues-éclair | Ruissellement pluvial urbain | Débâcles glaciaires | Rupture accidentelle d’ouvrage |
Inondations des 8-10/09/2002 dans le Gard : les 2/3 du département du Gard (surface exceptionnelle) ont été affectés par des cumuls de pluie de plus de 300 mm, avec un maximum de 687 mm à Anduze en 24h (soit en 36h autant de pluie qu’à paris en une année). Les normales mensuelles pour la région nîmoise sont de l'ordre de 60 à 80 mm, tandis que les normales annuelles ne dépassent pas 800 mm (meteonew.free.fr). Bilan : 23 morts et 1,2 milliards € de dégâts. Inondations en Chine du sud en mai 2005 : pluies à Hong Kong 500 mmm au lieu de 300 en moyenne mensuelle, 600 victimes, 2,8 millions de personnes affectées et 138000 maisons détruites |
Crue de l'Ouvèze à Vaison-la-Romaine le 22/09/1992 : 300 mm de pluie en moins de 6h. Les normales en montagne sont de 900 à 1100 mm annuels. Débit estimé à 1100 m3/s (fréquence quadricentennale) alors que le module est de 5,2 m3/s (Piegay, Mappemonde 4/1993). 47 morts et 500 millions € de dégâts. Vargas (Venezuela) le 15 décembre 1999 : 1209 mm de pluie en décembre 1999 et 791 mm en 48h contre 520mm en moyenne annuelle. Ecoulements torrentiels chargés de blocs et débris divers. Bilan : 20 000 morts, infrastructures dévastées à 50 % dans la zone touchée principale région économique du pays. |
Nîmes 3/10/1988 : 160 mm de pluie en 3h (230 mm en 6h), jusqu’à 220 mm en 3h à Mas de Ponge 10 morts et 500 millions € de dégats. Alger 10 novembre 2001 : 132 mm de pluie en 6h, 700 morts, 20000 sans abri. |
Crue de la Léna (Sibérie) le 22/05/2001 : les pires inondations du siècle affectant la ville de Iakoutsk. Crue sur plus de 1000 km liée à la fonte des glaces après des chutes de neige double d’une saison normale et un froid exceptionnel. Jökulhlaup du 5 novembre 1996 en Islande : pic 45 000 m³/s (supérieur au débit du Mississipi) sur une largeur de 50 km et une hauteur d'eau de 3 à 5 m à l’heure du maximum de la crue. Pas de victimes (hors zone urbanisée), mais 15 millions de dollars américains de dégâts (routes, câbles coupés). |
Rupture du barrage de Malpasset en 1959 : déferlement d’une vague de 40 m de haut dans la vallée en aval du barrage jusqu’à Fréjus, 423 morts. Rupture des digues de protection de la Nouvelle Orléans (Etats-Unis) en septembre 2005 suite au passage du cyclone Katrina : 80 % de la ville sous les eaux |
Dans la multitudes des mesures de lutte contre les inondations (fig.1), l’accent est mis prioritairement sur les mesures non structurelles de prévention pour réduire durablement les dommages aux personnes et aux biens dans le respect des exigences environnementales. En France, le PPR est depuis plus de 10 ans le moteur de cette prévention destinée à réglementer l’usage des sols à travers un zonage des risques (fig.2). La restauration des champs d’expansion des crues, la prise en compte du risque dans l’urbanisme, la réduction de la vulnérabilité et le renforcement de la conscience du risque sont inscrits dans la loi « risques » de 2003.
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des limites attribuées aux protections rapprochées de type digues qui, même si elles améliorent localement la protection par une évacuation accélérée des eaux, ne font que transférer, voire amplifier le risque vers les communes situées plus loin, en aval, sur le fleuve.
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de la nécessité de trouver des solutions pour réduire le risque en respectant et même en restaurant le fonctionnement de l’hydrosystème (les digues supprimant les échanges lit mineur/lit majeur). Au regard des exigences de la Directive cadre Européenne sur l’Eau de 2000 d’atteindre un « bon état écologique des eaux d’ici à 2015 », la gestion « durable » des crues doit passer par le rétablissement de certains des débordements nécessaires aux équilibres sédimentaires et biologiques des cours d’eau et des milieux riverains.
Le concept de ralentissement dynamique trouve son efficacité dans la mesure où des potentialités d’inondation sont acceptées et effectivement mobilisées dans les zones adéquates du bassin versant, et dans la mesure où le maître d’ouvrage assure de manière pérenne l’entretien et la surveillance des aménagements (MEDD, Cemagref, 2004 [MEDD, Cemagref. Le ralentissement dynamique pour la prévention des inondations. Guide des aménagements associant l’épandage des crues dans le lit majeur et leur écrêtement dans de petits ouvrages, sept 2004, 130 p.]).
Depuis 2004, les projets fleurissent à travers l’hexagone (dans le bassin de la Meuse, voir http://www.epama.fr/documents/doc_synthese_zrdc_mouzon.pdf ), de la Seine http://www.la-bassee.com/presse.htm).
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A la succession des inondations dommageables des dernières années, à la demande sécuritaire pressante des habitants [POTTIER N. et al. L’évaluation des vulnérabilités territoriales pour l’aide à la gestion des inondations par les collectivités locales. In Scarwell H.J., Franchomme M. (coord.), Contraintes environnementales et gouvernance des territoires, éditions de l’Aube, coll. Aube Nord, 2004, p. 44-53.] et au constat que les centres urbains fréquemment inondés se désertifient affectant toute la vie économique et sociale locale.
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A l’obligation encadrée par le Code de l'Urbanisme de prendre en compte risques d'inondation dans la planification urbaine, en complémentarité ou non avec les plans de prévention des risques mis en œuvre par l’Etat (loi SRU de 2000, art. L.110, L.121-1, L.122-1 et L.123-1 du Code de l’Urbanisme).
Approches participatives et coopérations européennes dans la gestion des inondations à l’échelle des bassins versants transfrontaliers
Le bassin de la Semois, affluent de la Meuse partagé entre la Belgique et la France en est une illustration [POTTIER N., ROSILLON F., BOUDRIQUE S. Coopération transfrontalière pour la gestion locale de l’eau et des inondations : l’expérience du bassin de la Semoy/Semois (France/Belgique). In Brun A., Lasserre F., (dir.), Politiques de l’eau, grands principes et réalités locales. Presses de l’Université du Québec, 2006, p. 161-187.]. En dépit des différences de mesures de prévention et de législations, un plan d’action conjoint a été mis en place depuis 2002 pour lutter contre les inondations d’amont (Belgique) en aval (France). Le programme financier Interreg III France-Wallonie-Flandres (2002-2006) d’encouragement à la coopération transeuropéenne a permis de fédérer dans une démarche commune, à travers le « contrat de rivière » (outil à vocation de gestion participative de l’eau), les actions de prévention des inondations entreprises de part et d’autre de la frontière.
D’autres projets, tel EUROTAS (European River Flood Occurrence and Tool Risk Assessment System) visent à développer des méthodologies communes à plusieurs pays en gestion du risque d'inondation à long terme et en prévision en temps réel des inondations.
En conséquences, la Commission Européenne a proposé le 18 janvier 2006 un projet de Directive relative à l’évaluation et à la gestion des inondations qui « vise à gérer et réduire les risques dus aux inondations pour la santé humaine, l'environnement et les biens. Elle prévoit de cartographier les risques d'inondations dans toutes les régions où il existe un risque important d'inondation, d'instaurer une coordination à l'intérieur des bassins hydrographiques communs à plusieurs pays et de produire des plans de gestion des risques d'inondation qui soient le résultat d'une coopération et d'une participation large entre les États membres » (http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28146.htm).
L’échéance est fixée à 2015 pour s’aligner avec les objectifs fixés par la Directive Cadre sur l’eau de 2000.
Conclusion
Désormais, la société doit réapprendre à composer avec les crues pour concilier développement économique et protection des milieux naturels dans une perspective de développement durable des territoires. C’est du moins le défi dans lequel s’engagent les pays développés de la zone tempérée.