Un risque peut être défini comme un événement ayant une probabilité inférieure à un et ayant des conséquences négatives sur des individus ou des entreprises. Son ampleur peut alors être mesurée par la probabilité d'occurrence de l'événement multipliée par le dommage induit.
Par rapport aux problèmes classiques d'environnement, la spécificité du risque est son caractère accidentel. Le dommage a des conséquences d'une ampleur potentiellement extrême même si sa probabilité d'occurrence est faible. Cela induit la possibilité que des individus ou des entreprises puissent perdre "tout". Dans la suite, nous qualifierons cette possibilité de banqueroute. Cette notion a beaucoup d'importance pour fonder l'action publique.
Un risque peut avoir une cause naturelle (notamment climatique) ou humaine (par exemple, le risque technologique). Cette distinction autorise évidemment des cas intermédiaires. Ainsi, une marée noire a le plus souvent des causes humaines – la plus générale de toutes étant d’avoir mis du pétrole dans un bateau – et une cause climatique comme une tempête. Dans la suite de cet exposé, nous appellerons responsable celui qui est à l'origine du risque et victime celui qui en subit les conséquences.
Une politique publique en matière de risque a deux objectifs majeurs :
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Prévenir le risque. Il s’agit de réduire la probabilité d'occurrence de l’accident ou d’atténuer l’ampleur de ses conséquences. C’est une problématique d’efficacité.
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Réparer ou indemniser les victimes. Notre société juge moralement souhaitable que les victimes soient compensées pour des dommages dont elles ne sont pas responsables. C’est une problématique d’équité.
Dans la suite, nous passons en revue les instruments d’intervention publique disponibles pour atteindre ces objectifs en distinguant trois grandes catégories :
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Les règles juridiques de responsabilité. Ce sont des dispositifs qui obligent le responsable d’un dommage à réparer et à indemniser les victimes.
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Les instruments réglementaires dont la caractéristique commune est de rendre obligatoires certaines activités de prévention. Par exemple, le Directive européenne dite Seveso qui traite des risques technologiques oblige un certain nombre de sites dits "à risque" à mettre en place des procédures visant à améliorer la sécurité des installations (audits de sécurité, information des populations avoisinantes, exercices réguliers de simulation d'accident etc.)
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Les interventions publiques sur le marché de l’assurance.
Nous passons maintenant en revue ces instruments et leurs propriétés économiques.