Une série d’instruments classiques de police, de planification territoriale s’associe à l’utilisation d’outils contractuels, financiers et de normalisation. Le règlement 1907/2006/CE « REACH » (applicable en juin 2007) impose aux fabricants, importateurs et utilisateurs en aval, des obligations d’enregistrement, d’évaluation, d’autorisation selon le type de la substance appréhendée aux différentes phases de son existence (fabrication, mise sur le marché, utilisation). Les substances identifiées comme (très) persistantes, (très) bioaccumulables, toxiques justifient un traitement juridique renforcé. Ces contraintes procédurales peuvent conduire à des interdictions et/ou des restrictions d’utilisation, comme l’illustre la réévaluation des substances actives dans le cadre de la directive 91/414/CEE concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques.
En réponse à l’accident dramatique de l’usine AZF de Toulouse en septembre 2001, la loi 2003/699 relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages vise à renforcer les textes existants et à introduire quelques dispositifs propres à promouvoir une certaine culture de sécurité. La planification territoriale et la maîtrise de l’urbanisation autour des établissements industriels à risques constituent un chapitre important de ladite loi (art. 4). L’article 5 (art. L-515-15 du code de l’environnement « CE ») précise que l’Etat « élabore et met en œuvre des plans de prévention des risques technologiques (…) qui délimitent un périmètre d’exposition aux risques en tenant compte de la nature et de l’intensité des risques technologiques… ». À l’intérieur de ce périmètre, délimité sur la base de la nature et de l’intensité des risques présentés dans les études de danger et les mesures de prévention, la loi prévoit une série de servitudes publiques (dont les Plans de Prévention des Risques Technologiques) aptes à gérer ces risques, telle la possibilité d’utiliser la procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique « lorsque la gravité des risques potentiels rend nécessaire la prise de possession immédiate » (art. 5 : art. L-515-16 du CE). Lors des assises de Douai sur les risques technologiques en novembre 2006, la Ministre de l’écologie et du développement durable a indiqué que 124 PPRT avaient été lancés et qu’une centaine d’autres devraient suivre en 2007 (au total, 421 PPRT concernant 622 établissements industriels) ; et depuis 2003, plus de 1000 études de dangers réalisés et 170 programmes d’investissements (150 millions d’euros) ont été imposés.
Ainsi, dans le cadre de la directive 96/82 concernant la maîtrise des dangers liés aux accidents majeurs impliquant des substances dangereuses, modifiée en 2003, l’article 11, consacré aux plans d’urgence, précise à son alinéa 4 bis (directive 2003) que les « Etats membres devraient tenir compte de la nécessité de favoriser une coopération accrue en matière de secours relevant de la protection civile en cas de catastrophe majeure ».
L’intervention de la CE contribue à promouvoir et soutenir l’organisation et le renforcement continu de la coopération dans ce domaine et non à se substituer aux Etats membres ; ces derniers demeurent maîtres de l’organisation interne de leur protection civile. Cette configuration des compétences explique l’absence de toute mesure d’harmonisation communautaire au profit de l’adoption de programmes communautaire d’action, du mécanisme de coopération en matière de protection civile instituant le fonds de solidarité de l’Union européenne pour faire face aux catastrophes naturelles (proposition 2005 de l’élargir aux autres urgences majeures), l’organisation d’exercices européens de protection civile (premier exercice européen « Euratox » en 2002 dans le Var). La mise en place d’un centre communautaire de suivi et d’information disponible 24h sur 24 permet à un Etat, en situation d’urgence, de demander l’assistance à ses partenaires européens et de pouvoir bénéficier du soutien financier de la Communauté, sous réserve du respect des conditions imposées. La constitution suggérée par Michel Barnier d’une force européenne de protection civile et le renforcement de la mutualisation des moyens de protection civile offrent des perspectives intéressantes. La future présidence française de l’Union européenne (à partir du 1er juillet 2008) s’est engagée dans cette voie (Conférence du Colonel Nardin sur « l’Union européenne et la sécurité civile » lors de l’Université d’été européenne de septembre 2007 à Rennes, http://cejm.univ-rennes.eu/themes/universite_ete_2007/programme/).
D’autres systèmes communautaires d’alerte rapide spécifiques existent également, tel le système Ecurie dans le domaine des urgences radiologiques, le système bichat en cas d’attaques et de menaces biologiques et chimiques (Programme adopté en 2001 et opérationnel depuis 2002 – COM (2003) 320), et le système Argus qui intervient en cas de crise de nature multisectorielle et multidimensionnelle (COM (2005) 662).