Dans l’effort de gestion des risques d’inondation, la plaine d’inondation représente donc un enjeu fondamental en qualité d’espace économique. Cet espace est le siège d’une activité humaine très importante qui a évolué au fil des siècles, s’est diversifiée et intensifiée surtout depuis les années 1970-80 et dans les pays développés.
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la mise en valeur agricole des basses terres débute il y a plus de 2000 ans en France et près de 4000 ans dans le bassin du Tigre et de l’Euphrate en Mésopotamie. Pour répondre à la demande croissante et s’adapter à la concurrence économique, l’activité agricole ne se déroule plus au rythme des inondations comme autrefois, excepté dans certaines régions (riziculture en Asie). La vulnérabilité des cultures et en conséquences des économies locales a fortement augmenté ces 20 dernières années.
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La mise en valeur industrielle à partir du 19ème siècle résulte d’abord de l’utilisation du cours d’eau comme voie de communication et de l’exploitation de l’eau pour des activités de plus en plus diversifiées. Depuis les années 1970-80, l’attractivité du prix pour ces espaces plans et étendus, en cours de raréfaction sous l’effet de la pression foncière, a engendré une prolifération des zones industrielles, commerciales et d’activité dans le lit majeur remblayé en bordure de rivière (vallée Saône aval, Rhône, Rhin) et dans les vallées plus encaissées où de tels terrains sont rares.
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La mise en valeur urbaine est caractéristique de la fin du 20ème siècle. Même si les rives des fleuves et leurs vallées furent des lieux d’habitation recherchés dès le Néolithique, elles ont longtemps suscité une grande prudence en raison des caprices connus des cours d’eau. Désormais, en réponse à la pression démographique, les collectivités locales mettent à profit les atouts paysagers des espaces encore vierges des plaines alluviales pour y implanter les nouveaux quartiers résidentiels. Les décisions d’urbanisation sont souvent confortées par le sentiment illusoire de sécurité que procurent les barrages et digues qui équipent la majorité des cours d’eau français. 80% des constructions situées en zone inondable en France sont postérieures à 1960 . Mais la destruction de lotissements neufs, comme à Vaison-la-Romaine lors de la crue torrentielle de l’Ouvèze en 1992, rappelle cruellement à l’homme que la « non considération » des espaces support du développement comme espaces naturels avant tout s’avère toujours « fatale » à l’homme et finalement contraire au principe de « développement durable » du territoire. Preuve en est l’augmentation continue de la vulnérabilité des biens et des personnes ainsi que du coût des dommages malgré l’amélioration des dispositifs de prévention.
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La mise en valeur récréative, touristique et environnementale des plaines inondables est toute récente. Volontaire ou « forcée » en application de la restriction réglementaire d’occupation des sols (PPR), cette revalorisation traduit un changement de rapport au risque de la société, la reconnaissance du fait que « le risque zéro n’existe pas ». Elle est le symbole d’une prise de conscience collective de l’intérêt environnemental (en termes de biodiversité), économique (en termes de coût des dommages évités) et social (gain en qualité et cadre de vie) de préserver de l’urbanisation les derniers espaces non construits ou détruits par une crue et non reconstruits.