8 - Intervention dans des contextes urbanisés
8.5 - Pour aller plus loin…
8.5.1 - Compréhension des situations et besoins en contextes urbains post-crise en 2010-2011
Pour en savoir plus sur l’état des lieux des processus de l’aide post-catastrophe ou post conflit, vous pouvez accéder aux points de vue de différents acteurs de la post crise que ce soit en termes - philosophiques, stratégiques, opérationnels- à travers leurs articles, réunis par le Groupe URD dans un numéro spécial de sa revue Humanitaires en mouvement, N°8 « Villes et Crises » (en 2011). De très nombreuses structures de l’aide participant à des réponses post crise tentent d’analyser et de partager les approches qui seraient adaptées aux contextes spécifiques de zones de densité urbaine affectées par des crises, compte tenu des différents contextes, différents mandats et différentes thématiques d’appui.
(Chaque article fait de 4 à 6 pages à lire)
En tant que thème émergent pour les acteurs humanitaires habitués à la réponse aux crises :
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Article point de vue de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et la Nutrition) : Les crises ont un impact sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations urbaines, et il est essentiel de renforcer la résilience des villes face aux crises…. « Comment articuler réponse d’urgence et réhabilitation pour rétablir et renforcer les moyens d’existence des populations urbaines ? Enfin, pourquoi la collaboration inter-sectorielle et les liens ruraux-urbains sont-ils essentiels ? » : Questions posées par la FAO.
« La FAO réfléchit depuis la fin des années 1980 à l’impact de l’urbanisation sur la sécurité alimentaire et son lien avec le développement agricole. L’initiative pluri-disciplinaire « Des aliments pour les villes » (voir http://www.fao.org/fcit/fcit-home/fr/) regroupe des experts de plusieurs disciplines qui s’intéressent aux thématiques urbaines et périurbaines…. Des efforts doivent être déployés pour accompagner l’intégration dans le milieu urbain des personnes marginalisées, des migrants ou des déplacés…. »
Florence Egal Spécialiste en sécurité alimentaire, nutrition et moyens d’existence, Division de la nutrition et de la protection des consommateurs, FA0
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Lien vers l’article sur le site internet URD :
http://www.urd.org/Etat-des-lieux-de-l-intervention
Site internet de la FAO : http://www.fao.org/home/en/
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Article point de vue d’une grosse ONG française ACF (Action Contre la Faim) : Dans un contexte urbain, où la légitimité d’une ONG peut être contestée par la concurrence du marché et du secteur privé, les humanitaires veillent à l’identification des vulnérabilités et à l’analyse des dynamiques sociales. Ceci leur permet d’intervenir dans des quartiers délaissés par les services publics, bidonvilles ou quartiers non viabilisés…
ACF essaie de développer son approche intégrée et multisectorielle, pour maximiser l’impact de son action. Il convient de reconnaître ici que, dans la pratique, il est rare d’arriver à développer toute la gamme de son savoir-faire sur des contextes urbains, bloqué par certaines limites… La relative nouveauté des interventions des ONG en milieu urbain, et le manque d’expertise reconnue par rapport au milieu rural, met en cause la légitimité de l’ONG vis-à-vis de ses interlocuteurs : bailleurs internationaux, ainsi qu’autorités nationales, municipalités, etc. Par rapport à une entreprise spécialisée dans la construction de réseaux d’eau ou à un bureau d’étude, une ONG n’a souvent pas l’expertise technique suffisante pour assurer, à elle seule, le succès d’un projet complexe… ACF est une organisation qui met en œuvre directement ses projets. Or, en contexte urbain, cette intervention directe est délicate. Il convient de construire des partenariats. De nouvelles compétences doivent être intégrées aux équipes, qu’il faut identifier, former, fidéliser… Le clivage urgence-développement, pour peu qu’il ait eu une pertinence, doit être dépassé pour améliorer au mieux les conditions de vie des habitants des villes, en travaillant à prévenir au maximum l’impact des crises.
Nicolas Villeminot, référent Technique Eau, Assainissement et Hygiène – Action Contre la Faim
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Lien vers l’article sur le site internet URD :
En ce qui concerne les nouveaux acteurs sur ce type de réponse : « La coopération décentralisée »
La réponse aux catastrophes a été longtemps l’apanage d’ONG, structures non gouvernementales, non institutionnelles (humanitaires ou de développement). Délivrant des aides en substitution de services publics déficients, elles ont été souvent critiquées comme affaiblissant les gouvernances locales. Une évolution marquante s’est produite depuis quelques années, impliquant d’avantage des villes, des agglomérations, des intercommunalités sur ces situations.
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Article point de vue de Cités Unies, Cités Unies France, association des collectivités territoriales françaises engagées dans l’action internationale depuis plus de trente-cinq ans. Cités Unies a évolué en s’impliquant sur ces situations de crise par une recherche de complémentarité à l’aide d’urgence avec l’objectif de légitimer les gouvernances locales :
« La philosophie de ces fonds de solidarité (nouveaux) repose sur la nécessité de restaurer la légitimité et l’efficacité des autorités locales concernées en garantissant leur capacité à reprendre leur mission de service public. ….Au sein de Cités Unies France, nous sommes convaincus du rôle central que doivent détenir les collectivités territoriales face aux catastrophes, qu’il s’agisse de prévention ou de reconstruction. Nous pensons aussi que la solidarité entre collectivités du monde peut jouer un rôle majeur. »
Bertrand Gallet – Directeur de Cités Unies France
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Lien vers l’article sur le site internet URD :
http://www.urd.org/Enjeux-de-la-reconstruction-du
Site internet de Cités unies France : http://www.cites-unies-france.org
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Article point de vue d’AIMF, l’association Internationale des Maires Francophones, est un opérateur direct de la Francophonie pour la coopération décentralisée, et un réseau d’élus locaux francophones de 48 pays. …L’AIMF accompagne les collectivités locales dans les processus de décentralisation et dans la mise en œuvre des politiques d’aménagement urbain. L’AIMF commence à se tourner vers ces besoins post crise :
« Les acteurs de la ville, tel que le réseau AIMF, doivent repenser en urgence leur stratégie de coopération en cette période de crises politiques, climatiques, etc. Les maires ont une responsabilité et des compétences à coté de celles des structures gouvernementales. L’AIMF réfléchissait à mettre en place des outils pour rendre la ville résistante aux chocs :
*Il faut mettre en place une organisation fondée sur la participation de groupes de citoyens et de la société civile, et bâtir des alliances locales…*Il est essentiel d’investir dans une infrastructure réduisant le risque…*Il est fondamental d’adapter, de faire connaître et de respecter les normes de réduction des risques en matière de construction et d’urbanisme…*Il importe, dans le cadre d’un aménagement du territoire équitable, d’identifier des terrains ne comportant pas de risques pour des citoyens à faibles revenus …*Il faut enfin s’assurer que des programmes d’enseignement et de formation sur la réduction des risques de catastrophes soient en place…
Pierre Baillet Secrétaire permanent de l’Association Internationale des Maires Francophones (AIMF)
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Lien vers l’article sur le site internet URD :
http://www.urd.org/Ou-en-est-la-cooperation
Site internet de l’Association internationale des maires francophones : http://www.francophonie.org/Association-internationale-des-12.html
Enfin les processus d’intervention post crise analysés par des architectes et urbanistes
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Article point de vue de l’agence onusienne ONU-Habitat : « Au fil des désastres naturels récents, une part importante de la communauté internationale, au sein de laquelle ONU-HABITAT (qui a joué un rôle de sensibilisateur avec d’autres acteurs) a admis que la seule stratégie efficace, rapide et abordable pour un gouvernement central ou local est d’aider les sinistrés à rentrer dans leur quartier d’origine. Cette stratégie de priorité « du retour dans les quartiers » jusqu’au séisme si meurtrier de Port au Prince, ne faisait pas partie des modalités d’intervention de l’aide internationale post crise, plus habituée à mettre les gens à l’abri dans des camps de réfugiés (responsabilité de l(UNHCR) ou de déplacés internes (responsabilité de OIM). Ces installations provisoires finissent pas se pérenniser en marginalisant des populations assistées importantes, sans aider à reconstruire ce qui été endommagé. Voir dans cet article ce qu’en dit un responsable d’ONU Habitat confronté aux impacts à Port-au-Prince du séisme du 10 janvier 2010.
« Urbanisation chaotique dans un contexte de faibles capacités publiques de planification et de gestion urbaine, constructions populaires en béton érigées sur des terrains à risques avec des matériaux de construction impropres et de graves malfaçons, tout était réuni pour l’impact terrible du tremblement de terre survenu le 12 janvier 2010. Aider à reconstruire les villes haïtiennes nécessite de corriger durablement des dysfonctionnements et inégalités urbaines antérieures…. restructurer les quartiers et reconstruire des logements plus sûrs…doit être au centre d’une démarche de planification stratégique et participative, coordonnée au niveau des quartiers, des communes et de la région métropolitaine de Port-au-Prince, afin de guider la reconstruction, de prioriser les projets et d’engager les réformes institutionnelles nécessaires.»
Jean-Yves Barcelo
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Article du point de vue de deux architectes Eléonore Labattut et Simon Deprez, deux jeunes architectes, issus de l’Ecole d’architecture de Paris Malaquais et qui sont de plus en plus impliqués dans des programmes d’aide post crise et dans une participation aux débats, depuis le tsunami de 2004 en Asie, le séisme de 2005 au Pakistan, le séisme de 2010 en Haïti. Ces derniers s’interrogent sur la pertinence des actions menées et sur les nouvelles compétences que cela nécessite :
« … agir sur la ville n’est pas chose facile, le contexte urbain est extrêmement complexe et les actions de reconstruction ou de développement marquent fortement les territoires et ont des conséquences à long terme. Le travail d’urbanisme ou de développement urbain ne peut s’abstraire de cette complexité ni ne peut ignorer les conséquences sociales, économiques ou politiques qu’il engendre. Et cette complexité habituelle du contexte urbain est davantage exacerbée en situation de crise. »
Voilà de nouveaux terrains complexes qui obligent les professionnels à repenser leurs stratégies d’intervention. À partir de l’exemple de la reconstruction en Aceh, nous nous demanderons quelles méthodes peuvent aujourd’hui permettre la mise en place de projets de reconstruction légitimes, concertés et cohérents avec la réalité des territoires.
Les humanitaires doivent-ils reconstruire des villes ? Chaque organisation se pose certainement aujourd’hui la question … après la construction massive de maisons en Aceh (souvent pour la première fois pour de nombreuses ONG), et la participation à la reconstruction de Port-au-Prince, les organisations humanitaires interrogent actuellement leurs modes d’action. Les catastrophes qui se succèdent prouvent la nécessité vitale de leurs interventions, mais les enjeux des reconstructions dans lesquelles elles sont impliquées débordent largement leurs missions. Alors comment agir ? Se spécialiser dans l’urgence ou s’impliquer dans le développement ? Il n’y a évidement pas une seule réponse, mais les contextes d’interventions actuels montrent que les métiers de l’humanitaire se trouvent face à des défis d’une ampleur nouvelle qui exigent de repenser les cadres de leurs missions.
Eléonore Labattut, Simon Deprez, architectes
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Eléonore Labattut et Simon Deprez sont aussi auteurs de l’ouvrage « Après le tsunami, reconstruire l’habitat en Aceh Simon Deprez, Eléonore Labattut, Karthala, Paris, 2010