Risques associés aux menaces assez prévisibles et dangereuses
Ces risques concernent les nuées ardentes et les lahars
Les nuées ardentes sont des écoulements pyroclastiques de petit volume. On appelle écoulement pyroclastique l'émission dirigée et en contact avec le sol d'un mélange de gaz et de particules solides, cendres et blocs. Ces écoulements, qui se font toujours à grande vitesse (jusqu’à 300 km/h) et à haute température (jusqu’à 500°C), présentent une grande variété (Bourdier, 1994).
1) Genèse et mécanismes de transport
Les nuées ardentes ont trois origines principales.
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La destruction d’un dôme de lave liée à une explosion dirigée latéralement entraîne une nuée ardente "de type Pélée" (Fig. 3A), par référence à l’éruption du 8 mai 1902 de la montagne Pélée.
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L'écroulement d'une colonne éruptive sur elle-même génère des nuées ardentes "de type St Vincent" (Fig. 3B), par référence à l’éruption de la Soufrière St Vincent (Guadeloupe) le 7 mai 1902, qui tua plus de 1500 personnes. Dans ce cas, les nuées peuvent se propager simultanément sur tous les flancs du volcan.
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L'écroulement d'un dôme sommital de lave visqueuse par simple gravité entraîne des nuées ardentes "de type Merapi" ou "nuée ardente d'avalanche" (Fig. 3C). Ces écroulements gravitaires n’étant pas provoqués par une explosion restent imprévisibles et par conséquents très dangereux, comme l’attestent les 69 victimes des nuées du Merapi (Indonésie) le 22 Novembre 1994 (Fig. 4).
Le terme de nuée ardente englobe indistinctement deux grands types d'écoulement : coulées et déferlantes pyroclastiques.
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Les coulées pyroclastiques sont formées d’un mélange blocs, cendres et une teneur en gaz limitée, qui se propage à vitesse relativement faible (5-40 m/s) en suivant la topographie.
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Les déferlantes pyroclastiques sont des écoulements turbulents, moins concentrés, dans lesquels la fraction cendreuse et gazeuse prédomine. Les particules sont transportées surtout en suspension à vitesse élevée (50-100 m/s), mais qui décroît très brusquement. Ces écoulements échappent au contrôle topographique des vallées et franchissent les reliefs.
2) Les risques associés aux nuées ardentes
Ils sont très importants, comme en témoignent les grandes catastrophes historiques, qui ont fait près de 37 000 victimes au XXe siècle (> 46 %), soit par ensevelissement sous des coulées pyroclastiques, soit par brûlure et suffocation par les déferlantes. La nuée ardente la plus meurtrière de l'époque historique - celle de la Montagne Pélée (8 mai 1902) - fit 29 000 victimes malgré l’annonce imminente d’une éruption par des signes précurseurs : petites explosions phréatiques au début 1902, séismes et pluies de cendres fines quelques jours avant l’éruption, ensevelissement d’une usine par une nuée ardente le 5 mai avec mini tsunami à St-Pierre, etc. Bien que l’ordre d’évacuer ne fût pas ordonné pour des raisons électorales (2ème tour des élections législatives !), une partie de la population quitta quand même la ville. Le 7 mai, une commission scientifique déclare que la "Montagne Pélée ne présente pas plus de danger pour St-Pierre que le Vésuve pour Naples". Le lendemain, la ville est rayée de la carte.
Il n’existe pas de moyen de protection d'ordre technique contre les nuées ardentes. Seules des actions de prévention peuvent limiter les risques : outre les techniques de surveillance traditionnelles de l'activité volcanique, il est indispensable de faire un zonage précis de l’aléa afin d'évaluer les risques.