L’extension de l’agriculture
L’extension de l’agriculture, est, après la déforestation à l’origine des changements d’occupation les plus importants, avec une progression de l’ordre de 400% depuis le début de la domestication des plantes et de l’intensification agricole. La progression des terres agricoles au détriment des surfaces boisées est due essentiellement au développement de l’élevage sur le continent américain et des cultures dans les régions tropicales. Dans les régions situées en Europe de l’ouest, très anciennement anthropisées, l’extension des surfaces cultivées, qui a connu une accélération importante lors des défrichements massifs opérés au Moyen-Age, a été relayée par une intensification de l’utilisation des terres particulièrement importante dans les dernières décennies à partir des années soixante (Goldewijk K.K., 2001
), tandis que depuis quelques années se produit une régression des surfaces cultivées au profit des surfaces boisées et dans une moindre mesure de l’urbanisation (EUROSTAT, 2001a). Ainsi en Europe de l’ouest comme dans la partie nord-est des Etats-Unis, une partie des terres agricoles est reboisée (http://www.ifen.fr/publications/DE/PDF/de101.pdf), à la suite d’un abandon des terres provoqué par l’exode rural ou par des opérations de reboisement volontaires. Dans ces régions, les cultures sont concentrées sur les meilleures terres agricoles, avec des rendements élevés. Ce fort niveau d’intensification a des impacts importants sur l’environnement, notamment à travers le transfert de pesticides et de nitrates dans les sols, de méthane dans l’atmosphère. Il entraîne également une dégradation des terres qui se produit par l’érosion éolienne et hydrique à différentes échelles, et par la salinisation. On estime que 3,6 milliards d’hectares de terres sont sujets à des risques de dégradation dus à une mauvaise gestion des terres, de l’eau et des ressources végétales, au surpâturage et au prélèvement excessif de bois de chauffe, à des pratiques agricoles inadaptées entraînant l’érosion, la perte de fertilité et la salinisation des sols. Le stade ultime de la dégradation conduit à des situations irréversibles. Les conséquences de la dégradation des terres touchent de nombreuses régions terrestres, directement ou indirectement via la chute de la biodiversité, la réduction de la fixation de carbone et la pollution des eaux internationales. Ainsi, l’agriculture et d’autres modes d’utilisation des terres sont responsables de la diminution de respectivement 60% et 75% de la réduction du stock de matière organique dans les sols dans les régions tempérées et tropicales. La plupart de ce carbone est relargué dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique global, tout en réduisant la productivité et en augmentant les coûts destinés à compenser ces pertes.
