Les terres émergées représentent 29 % de la surface de la terre soit 14 900 millions d'hectares. La distribution de ces terres par rapport à l'équateur n'est pas symétrique puisque 71 % d'entre elles se trouvent dans l'hémisphère Nord.
L'inventaire des terres à l'échelle du globe étant partiellement réalisé, on peut tenter de réaliser un bilan des ressources en sol à l'échelle du globe, pour confronter ce bilan d'une part aux pertes annuelles en terre, d'autre part à la croissance démographique. Les difficultés méthodologiques sont néanmoins nombreuses pour tenter un tel bilan : les sources sont disparates, vagues voire fausses. De plus, la productivité que l'on définit pour un sol dépend du système de production que l'on suppose mis en œuvre. Les chiffres obtenus sont donc imprécis.
Crédits
D'après Buringh, 1982
Légende
Figure 2.4.7 : Principales contraintes à l'utilisation agricole des terres émergées et productivité potentielle des surfaces cultivables
Un premier bilan assez simple, issu d'un croisement des cartes climatiques et pédologiques avec les exigences des cultures, concerne les surfaces cultivables (Figure 2.4.7).
De l'ordre de 78 % des terres émergées ne sont pas cultivables essentiellement pour des raisons climatiques (42 %) ou topographiques (17 %). Les contraintes spécifiques aux sols (sols trop minces, trop pauvres ou trop humides), rendant toute culture impossible, ne concernent que 18 % des terres émergées. Ces terres non cultivables sont occupées actuellement soit par des déserts (pour 40 % d'entre elles), soit par des forêts (25 %), soit par des prairies permanentes (35 %).
Les terres cultivables représentent 22 % des terres émergées, soit 3 278 millions d'hectares ou l'équivalent de cent dix fois la Surface Agricole Utile de la France. La grande majorité de ces terres cultivables ont une fertilité potentielle faible ou moyenne, seuls 3 % ayant une fertilité élevée (figure 2.4.7).
Cette superficie de terres cultivables est à comparer à la superficie actuellement cultivée qui est de l'ordre de 1 460 millions d'hectares, soit la moitié des terres cultivables (Figure 2.4.8).
Figure 2.4.8
Crédits
Adapté de l’Atlas de la Biosphère, Université de Wisconsin, 1999
Légende
Figure 2.4.8 : Proportion des superficies cultivées à l’échelle mondiale
Il semble donc exister à l'échelle mondiale une réserve importante de sols potentiellement cultivables. Cette réserve, et les possibilités d'augmenter la productivité sur les terres actuellement cultivées, conduisent différents auteurs à conclure que, sur le plan technologique, l'alimentation de 10 milliards d'hommes peut être assurée sans grand problème.
Cette réserve est néanmoins inégalement répartie (Tableau 2.4.9). Elle apparaît importante en Afrique et en Amérique du Sud, ce qui correspond en grande partie aux forêts équatoriales de ces continents. Cette réserve apparaît très faible dans des régions à forte densité de population et à forte croissance démographique comme l'Asie Centrale (Inde..) ou l'Asie du Sud-est (Chine, Indonésie...).
Crédits
D'après Buringh et Dudal, 1990
Légende
Tableau 2.4.9 : Les ressources mondiales en terre (les surfaces sont données en millions d'hectares)
Le jugement que l'on peut porter sur l'importance de ces réserves doit également tenir compte:
- des pertes en terres agricoles utilisées actuellement, pertes chiffrées entre 6 et 12 millions d'hectares par an, 8 millions d'ha étant transformés en usage non agricole (villes, routes...), 4 millions étant perdus du fait d'une dégradation des sols (érosion, salinisation, etc.) ;
- du fait que l'extension éventuelle des zones cultivées se ferait au détriment de zones forestières ;
- de la fertilité faible ou moyenne des sols constituant ces réserves ;
- des progrès technologiques susceptibles d’être mis en œuvre pour augmenter les rendements des cultures, les principaux facteurs de progression de la production mis en œuvre au cours des dernières décennies (fertilisation et irrigation) semblant avoir atteints un plafond (Evans, 1998).