2.3.1. Forêts, ressources forestières et sociétés
1. Les superficies actuelles : quelques données simples…
La superficie forestière mondiale : Les forêts couvrent environ 30% de la superficie des terres émergées du globe, soit environ 3 952 millions d’hectares, selon les chiffres de la FAO en 2005.
Les grands traits de la répartition : A l’échelle du globe, deux grandes masses forestières se détachent (Figure 3.2.3.1 Les grands traits de la répartition des forêts dans le monde):
les forêts boréales de conifères des hautes latitudes de l’hémisphère nord
les forêts des basses latitudes de la zone intertropicale
Crédits
D'après FAO ????????
Légende
Figure 3.2.3.1 : Les grands traits de la répartition des forêts dans le monde
La répartition par continent et par pays confirme et précise ce constat : elle montre la prédominance des grandes masses forestières que sont la Sibérie et l’Amazonie.
Elle souligne également la place déterminante de quelques grands pays forestiers : Fédération de Russie et dans une moindre mesure Canada dans le domaine boréal, Brésil au sein des forêts tropicales (Figure 3.2.3.2).
Elle souligne également la place déterminante de quelques grands pays forestiers : Fédération de Russie et dans une moindre mesure Canada dans le domaine boréal, Brésil au sein des forêts tropicales (Figure 3.2.3.2).
Légende
Figure 3.2.3.2 : Les grands pays forestier
s
Les pays à fort taux de couverture forestière : La géographie des pays ayant le plus fort taux de couvert forestier est très différente (Figure 3.2.3.3). Il s’agit essentiellement de pays de superficie réduite, à faible population situés exclusivement dans la zone intertropicale. La Finlande, avec plus de 70% de taux de boisement, fait figure d’exception à la fois comme pays développé et comme espace des hautes latitudes.
Légende
Figure 3.2.3.3 : Taux de boisement par pays : la prédominance des « petits » pays
2. ...qu'il convient de prendre avec précaution...
La définition de la forêt pose problème : Voici une définition évidente : étendue plus ou moins vaste portant un peuplement d'arbres relativement dense / Grande étendue de terrain couverte d’arbres / étendue couverte de végétaux sur laquelle les arbres prédominent.
Mais qui pose plusieurs problèmes :
La définition de la forêt pose problème : Voici une définition évidente : étendue plus ou moins vaste portant un peuplement d'arbres relativement dense / Grande étendue de terrain couverte d’arbres / étendue couverte de végétaux sur laquelle les arbres prédominent.
Mais qui pose plusieurs problèmes :
- le terme d’arbre qui désigne un végétal avec un tronc distinct pose problème : à partir de quelle hauteur (3m, 5m, 7m, 10m ?) un arbuste est-il considéré comme un arbre. La figure 3.2.3.4 (Hauteur minimale (en m) des arbres considérés comme forestiers dans différents pays) montre la diversité des définitions adoptées par les différents pays en l’an 2000.
Légende
Figure 3.2.3.4 : Hauteur minimale (en m) des arbres considérés comme forestiers dans différents pays
- Le taux de couverture est également problématique : les seuils adoptés sont là encore éminemment variables d’un pays à l’autre (Figure 3.2.3.5).
La dimension de l’espace concerné (« grande étendue » ; « étendue plus ou moins vaste ») est enfin très relative : 0,5 hectare, 1 hectare, 10 hectares ?
Légende
Figure 3.2.3.4 : Taux de recouvrement minimal (en %) d’une forêt dans différents pays
Ces incertitudes concernent de nombreuses formations à caractère forestier dans le monde
- Les maquis et garrigues méditerranéens, hauts souvent de moins de 5m, les forêts de Sibérie orientale, du nord du Canada aux arbres peu élevés (2-4m), les mangroves des littoraux tropicaux…
- Les espaces de transition forêts-formations herbacées comme les savanes boisées, la taïga proprement dite (ensemble de transition entre la forêt boréale et la toundra), la limite supérieure de la forêt en montagne.
- Les étendues de bois, de bosquets au sein de certains espaces ruraux (régions de bocage par exemple) ou de certaines formations herbacées (mosaïque forêt-savane en Afrique).
Ces incertitudes expliquent des données souvent très divergentes : A l’échelle mondiale, si le chiffre de 40 millions de km2 est couramment avancé, des estimations aussi divergentes que celles de Windhorst (1974) avec un total de 24 millions de km2, et celle de Eyre (1978) avec plus de 60 millions de km2 ont été proposées, y compris au sein du même organisme qu’est la FAO. A l’échelle des continents, Les plus grandes incertitudes concernent les ensembles forestiers de la zone intertropicale : la superficie forestière de l’Amérique latine oscille suivant les sources entre 5 et 12 millions de km2, celle de l’Afrique entre 2 et 7 millions de km2, celle de l’Asie enfin entre 3 et 4,6 millions de km2.
Les données peuvent également diverger à l’intérieur même d’un pays : en Italie deux grandes sources d’estimation (Inventaire Forestier National et Institut de la statistique) existent : le premier aboutit à une estimation de 8.6 millions d’hectares, le second 6.7 millions d’hectares (Taux d’écart de 25% !).
3. Un effort d'harmonisation récent mais encore incomplet
La définition récente de la FAO
Tous les 5 ans la FAO publie une étude très minutieuse des superficies forestières mondiales. La plus récente édition, qui date de 2005 (Voir : www.fao.org/forestry) témoigne d’un effort d’harmonisation à l’échelle planétaire.
Est ainsi défini comme forêt "toute formation végétale, de plus de 0.5 hectare, comprenant des arbres dont les cimes couvrent au moins 10 % du sol", l'arbre étant une "plante ligneuse de grandes dimensions - en fait de plus de 5 mètres de haut à l'âge adulte dans des conditions normales de croissance - avec un tronc unique supportant une cime de forme et de dimensions variables".
Sont exclus les espaces à usage agricole et urbain prédominants.
Le problème des autres terres boisés
Une telle définition a permis d’harmoniser l’ensemble des données à l’échelle planétaire. Elle n’englobe cependant pas tous les types de formations végétales marquées par la présence de l’arbre.
La FAO distingue ainsi, à coté des forêts, les « autres terres boisées » qui comprend les espaces où la canopée ne couvre que 5% du sol, ainsi que les espaces associant arbres et arbustes et broussailles sur plus de 10% de la surface (Figure 3.2.3.6).
Une autre catégorie (« terres possédant un couvert arborescent ») inclut les espaces couverts d’arbres mais destinés à d’autres utilisations (agriculture, élevage, jardins parcs…)
L’effort d’harmonisation ne supprime donc pas totalement l’ambiguïté qui existe quant à la définition des forêts et donc à leur délimitation.
La définition récente de la FAO
Tous les 5 ans la FAO publie une étude très minutieuse des superficies forestières mondiales. La plus récente édition, qui date de 2005 (Voir : www.fao.org/forestry) témoigne d’un effort d’harmonisation à l’échelle planétaire.
Est ainsi défini comme forêt "toute formation végétale, de plus de 0.5 hectare, comprenant des arbres dont les cimes couvrent au moins 10 % du sol", l'arbre étant une "plante ligneuse de grandes dimensions - en fait de plus de 5 mètres de haut à l'âge adulte dans des conditions normales de croissance - avec un tronc unique supportant une cime de forme et de dimensions variables".
Sont exclus les espaces à usage agricole et urbain prédominants.
Le problème des autres terres boisés
Une telle définition a permis d’harmoniser l’ensemble des données à l’échelle planétaire. Elle n’englobe cependant pas tous les types de formations végétales marquées par la présence de l’arbre.
La FAO distingue ainsi, à coté des forêts, les « autres terres boisées » qui comprend les espaces où la canopée ne couvre que 5% du sol, ainsi que les espaces associant arbres et arbustes et broussailles sur plus de 10% de la surface (Figure 3.2.3.6).
Une autre catégorie (« terres possédant un couvert arborescent ») inclut les espaces couverts d’arbres mais destinés à d’autres utilisations (agriculture, élevage, jardins parcs…)
L’effort d’harmonisation ne supprime donc pas totalement l’ambiguïté qui existe quant à la définition des forêts et donc à leur délimitation.
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Légende
Figure 3.2.3.6 : Forêts et autres terres boisées
Certains critères sont ainsi discutables
L’exclusion des activités agricoles conduit à exclure les espaces, le plus souvent tropicaux mais aussi tempérés, qui associent forêts et agriculture. Les agroforêts tropicales, possédant une strate arborescente importante surmontant des cultures, et qui sont souvent des espaces de forte biodiversité, sont ainsi exclues alors que des plantations monospécifiques, généralement très pauvres sont inclues dans la définition des forêts.
Il en est de même des terres de parcours encore très présentes en milieu méditerranéen où l’activité pastorale est importante, notamment au Maghreb La définition purement quantitative conduit à considérer de la même manière des espaces en voie de dégradation et des espaces de recolonisation forestière, les forêts anciennes peu modifiées et les forêts artificielles résultant de reboisement.
Les estimations s’appuient aujourd’hui sur des outils de plus en plus perfectionnés : L’utilisation de l’imagerie satellitaire permet un meilleur suivi des évolutions au cours des 30 dernières années (Figure 3.2.3.7 ).
L’exclusion des activités agricoles conduit à exclure les espaces, le plus souvent tropicaux mais aussi tempérés, qui associent forêts et agriculture. Les agroforêts tropicales, possédant une strate arborescente importante surmontant des cultures, et qui sont souvent des espaces de forte biodiversité, sont ainsi exclues alors que des plantations monospécifiques, généralement très pauvres sont inclues dans la définition des forêts.
Il en est de même des terres de parcours encore très présentes en milieu méditerranéen où l’activité pastorale est importante, notamment au Maghreb La définition purement quantitative conduit à considérer de la même manière des espaces en voie de dégradation et des espaces de recolonisation forestière, les forêts anciennes peu modifiées et les forêts artificielles résultant de reboisement.
Les estimations s’appuient aujourd’hui sur des outils de plus en plus perfectionnés : L’utilisation de l’imagerie satellitaire permet un meilleur suivi des évolutions au cours des 30 dernières années (Figure 3.2.3.7 ).
Crédits
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Figure 3.2.3.7 : Des outils de plus en plus performants
Complément
La forêt est une réalité territoriale complexe qui dépend aussi du contexte dans lequel elle se situe : toute définition globale, pour utile qu’elle soit, n’en reste pas moins incomplète et discutable.
Légende
INSERER UNE PHOTO LIBRE DE DROITS REPRESENTANT UNE FORET QUELCONQUE
4. Les estimations de la déforestation : mesurer le risque sans forcer le trait
Les chiffres de la FAO
A l’échelle planétaire, la perte de superficie est évaluée par la FAO a environ 7.3 millions d’hectares/an au cours de la période 2000-2005, contre près de 9 millions d’hectares/an pour le période 1990-2000.
Elle serait environ de 13 millions d’ha/an pour l’ensemble des forêts tropicales (dont plus de 4.3 millions d’hectares pour l’Amérique du sud et 4 millions pour l’Afrique) alors que les forêts tempérées progressent plus modérément, en Chine notamment mais aussi dans une moindre mesure en Europe.
L’imprécision des estimations conduit à des divergences de point de vue sur l’estimation de l‘évolution des superficies forestières
Suivant la conception que l’on a de la forêt, la déforestation peut être interprétée comme une perte de forêt primaire (Myers), une perte de forêt au sens FAO ou encore une perte de terres boisées.
Les évaluations peuvent alors être très divergentes (voir le site internet de la FAO). Entre les chiffres fournies par certaines ONG qui annoncent la disparition des forêts tropicales à l’horizon 2010 et ceux, très polémiques, fournis par B. Lomborg selon lequel la diminution des forêts au cours des cinquante dernières années ne serait que de l’ordre de 0.44%, la différence est considérable.
Ainsi une étude menée sur l’Afrique de l’Ouest entre 1980 et 1990 (Singh, 1993) inclut sous le terme de déforestation des réalités qui ne supposent pas nécessairement la perte d’espaces forestiers mais simplement leur transformation : la perte de forêt se fait ainsi pour 16% au profit de formations végétales herbeuses ou arbustives, pour 19% au profit de forêts fragmentées, pour 25 % au profit de forêts claires, pour 34% au profit de jachères courtes et pour 5% seulement au profit de jachères longues non forestières, cette dernière réalité étant en définitive la seule caractérisée par une perte durable d’espaces forestiers. Autrement dit, l’absence de couvert forestier continu à un moment donné ne signifie pas forcément déforestation.
Parler de déforestation suppose de préciser :
- Le pas de temps adopté. La diminution des superficies forestières en Afrique centrale depuis 50 ans se fait dans un contexte de progression des forêts tropicales depuis 2 000 ans, progression encore marquée dans certains pays comme le Cameroun.
- Le processus en cause : une part de la déforestation est le fait d’agents « naturels » : les feux très fréquents au Canada sont dans leur majorité le résultat d’impacts de foudre. Les agressions biotiques qui affectent les forêts boréales d’Amérique du nord, où sévit la fameuse tordeuse des bourgeons de l’épinette, et de Russie, avec le Bombyx sibérien, font des ravages équivalents à ceux provoqués par les incendies : d’après le service forestier canadien, entre 1900 et 1995, 48% des zones perturbées en forêt boréale l’étaient par le feu et 34% par les insectes.
- Le contexte dans lequel se situent ces évolutions et l’ampleur des conséquences qui n’est pas la même entre des pays à forte pression démographique où la disparition des forêts contribue à la dégradation des terres et, par là même à des problèmes d’ordre économique, social et politique, et des pays très peu peuplés, très boisés dans lesquels l’incidence du déboisement est faible. Entre ces deux extrêmes, existe toute une variété de situations et d'impacts de la déforestation.
Les chiffres de la FAO
A l’échelle planétaire, la perte de superficie est évaluée par la FAO a environ 7.3 millions d’hectares/an au cours de la période 2000-2005, contre près de 9 millions d’hectares/an pour le période 1990-2000.
Elle serait environ de 13 millions d’ha/an pour l’ensemble des forêts tropicales (dont plus de 4.3 millions d’hectares pour l’Amérique du sud et 4 millions pour l’Afrique) alors que les forêts tempérées progressent plus modérément, en Chine notamment mais aussi dans une moindre mesure en Europe.
L’imprécision des estimations conduit à des divergences de point de vue sur l’estimation de l‘évolution des superficies forestières
Suivant la conception que l’on a de la forêt, la déforestation peut être interprétée comme une perte de forêt primaire (Myers), une perte de forêt au sens FAO ou encore une perte de terres boisées.
Les évaluations peuvent alors être très divergentes (voir le site internet de la FAO). Entre les chiffres fournies par certaines ONG qui annoncent la disparition des forêts tropicales à l’horizon 2010 et ceux, très polémiques, fournis par B. Lomborg selon lequel la diminution des forêts au cours des cinquante dernières années ne serait que de l’ordre de 0.44%, la différence est considérable.
Ainsi une étude menée sur l’Afrique de l’Ouest entre 1980 et 1990 (Singh, 1993) inclut sous le terme de déforestation des réalités qui ne supposent pas nécessairement la perte d’espaces forestiers mais simplement leur transformation : la perte de forêt se fait ainsi pour 16% au profit de formations végétales herbeuses ou arbustives, pour 19% au profit de forêts fragmentées, pour 25 % au profit de forêts claires, pour 34% au profit de jachères courtes et pour 5% seulement au profit de jachères longues non forestières, cette dernière réalité étant en définitive la seule caractérisée par une perte durable d’espaces forestiers. Autrement dit, l’absence de couvert forestier continu à un moment donné ne signifie pas forcément déforestation.
Parler de déforestation suppose de préciser :
- Le pas de temps adopté. La diminution des superficies forestières en Afrique centrale depuis 50 ans se fait dans un contexte de progression des forêts tropicales depuis 2 000 ans, progression encore marquée dans certains pays comme le Cameroun.
- Le processus en cause : une part de la déforestation est le fait d’agents « naturels » : les feux très fréquents au Canada sont dans leur majorité le résultat d’impacts de foudre. Les agressions biotiques qui affectent les forêts boréales d’Amérique du nord, où sévit la fameuse tordeuse des bourgeons de l’épinette, et de Russie, avec le Bombyx sibérien, font des ravages équivalents à ceux provoqués par les incendies : d’après le service forestier canadien, entre 1900 et 1995, 48% des zones perturbées en forêt boréale l’étaient par le feu et 34% par les insectes.
- Le contexte dans lequel se situent ces évolutions et l’ampleur des conséquences qui n’est pas la même entre des pays à forte pression démographique où la disparition des forêts contribue à la dégradation des terres et, par là même à des problèmes d’ordre économique, social et politique, et des pays très peu peuplés, très boisés dans lesquels l’incidence du déboisement est faible. Entre ces deux extrêmes, existe toute une variété de situations et d'impacts de la déforestation.