2.3.2. Histoire des forêts
Souvent considérées comme des espaces de nature par excellence, les forêts sont en réalité le résultat d’une longue histoire, où se combinent les pas de temps très longs de l’échelle géologique et ceux plus brefs de l’histoire des sociétés.
1. Les forêts à travers les âges géologiques

Les forêts n'apparaissent que récemment dans l'histoire de la terre
L’histoire de la terre, qui commence il y a plus de 4 milliards d’années (4,54 milliards d’années), est marquée par un développement récent des forêts au Dévonien (410-360 millions d’années) et surtout au Carbonifère (360-295 millions d’années). Se développe alors une végétation que l’on peut considérer comme forestière : il s’agit des célèbres forêts de Lepidodendron, arbre qui pouvait atteindre 30m ! C’est un arbre du point de vue physionomique mais... il reste encore très proche des fougères : il appartient, comme toutes les espèces de l’époque au grand embranchement des Ptéridospermes (plantes dont la reproduction est assurée par des sporanges).
Les paysages forestiers de l'ère secondaire (-245 à - 65 MA) sont marqués dans un premier temps par la suprématie des Gymnospermes (conifères et genres voisins). Les Angiospermes ne deviennent dominants qu’au Crétacé (135-65 MA). Ce développement de la flore s’accompagne d’une diversification de la faune dont témoigne la multiplicité des dinosaures. Ce foisonnement est lié aux dislocations continentales. Les cinq continents du Crétacé sont à l’origine des empires floristiques actuels. Une crise importante intervient à la fin du Crétacé entraînant de nombreuses disparitions dont celle des dinosaures.
Entre -65 et -1,5 MA le Tertiaire voit la mise en place d’une flore et d’une faune proches de celles que nous connaissons aujourd’hui. Les Angiospermes s’affirment et se différencient. À partir de l’Oligocène, un relatif refroidissement du climat se traduit par un développement des flores tempérées. Les espèces tropicales régressent, les graminées se développent et forment de vastes prairies qui s’étendent aux dépens des forêts.

Les bouleversements climatiques majeurs du quaternaire
Le Pléistocène, qui débute il y a environ 1,6 ma, est marqué par une succession de phases froides (glaciations affectant les hautes et les moyennes latitudes) et de périodes de réchauffement (interglaciaires), auxquelles correspondent dans les régions intertropicales des alternances sèches et pluviales (Figure 3.2.3.8).
Crédits
D’après M.F. André et A. Godard ; 1999
Légende
Figure 3.2.3.8 : Les variations de la superficie forestière au quaternaire
Les périodes glaciaires : De puissantes calottes de glace se forment sur les hautes et les moyennes latitudes. L’abaissement des précipitations et des températures se traduit par une rétractation des forêts tropicales au profit des savanes, par un développement des steppes et des forêts de pins en milieu méditerranéen. Aux moyennes latitudes, (Europe, Amérique du Nord essentiellement), les formations forestières sont repoussées vers le Sud tandis que toundras et steppes occupent la plus grande partie des continents (Figure 3.2.3.9).
Crédits
D'après une compilation de Jonathan Adams, Environmental Sciences Division, Oak Ridge National Laboratory, Oak Ridge, TN 37831, USA
Légende
Figure 3.2.3.9 : Les variations de la superficie forestière au quaternaire
Les interglaciaires : Les périodes de réchauffement sont marquées par une reconquête en altitude et en latitude des flores forestières tempérées et tropicales aux dépens des steppes, des toundras et des savanes (Figure 3.2.3.9).

Le rôle des facteurs géographiques dans les migrations : Alors qu’en Europe les barrières montagneuses Est-Ouest et la mer Méditerranée faisaient obstacle aux déplacements, entraînant l’appauvrissement de la flore, les végétaux d’Asie orientale et d’Amérique du Nord n’ont pas rencontré de tels obstacles, conservant ainsi une grande diversité spécifique.

La mise en place des formations actuelles à l’holocène : la fin de la dernière période froide marque le début de la mise en place des formations actuelles. Après la dernière récurrence froide du tardiglaciaire (Dryas récent, 11 000-10 000 BP), le climat devient plus chaud et humide.