Variations annuelles du taux de croissance du CO2 dans l’atmosphère
Si l’on regarde de plus près l’évolution du CO2 dans l’atmosphère, on remarque que le taux de croissance du CO2 varie fortement d’une année à l’autre. En moyenne, il vaut 3.5 GtC par an, soit environ 1.5 ppm d’augmentation de la concentration de CO2 par an, mais certaines années, lors des évènements climatiques El Niño, on constate un taux de croissance nettement supérieur à la moyenne. A contrario, lors d’évènements La Niña, ou après une éruption volcanique telle celle du Mont Pinatubo en 1991, le taux de croissance atmosphérique est nettement inférieur à la moyenne. Ces variations interannuelles sont principalement dues à la forte sensibilité de la biosphère continentale aux fluctuations climatiques. Durant un El Niño, les températures tropicales supérieures à la moyenne, associées à des faibles précipitations, entraînent une réduction du puits de carbone continental ainsi qu’une augmentation des feux de forêt. Suite à l’éruption du Mont Pinatubo, le refroidissement enregistré dans nos latitudes est sans doute à l’origine d’un ralentissement de l’activité microbienne et donc du flux de carbone provenant de la décomposition de la matière organique des sols. Globalement, ce ralentissement s’est traduit par un taux de croissance atmosphérique de moins de 2 GtC/an (au lieu des 3.5 GtC/an pour la moyenne de la décennie) (figure 1b). Plus proche de nous, la canicule de 2003 a eu un effet dévastateur sur la productivité des écosystèmes de la majeure partie de l’Europe de l’Ouest. Au milieu de l’été, quand nos forêts sont en général les plus productives, on a mesuré une chute dramatique de la photosynthèse, les forêts sont devenues des sources de carbone pour l’atmosphère. On estime que la biosphère européenne a perdu en 2003, autant de carbone que ce qu’elle accumule en quatre années « normales ».