3.3. L'évaluation monétaire du non-marchand

Les méthodes d’évaluation des bénéfices non-marchands des politiques environnementales cherchent majoritairement à révéler le consentement à payer des individus pour les mesures de protection de l’environnement.
Complément

Le consentement à payer représente la somme maximale que le consommateur est prêt à payer pour atteindre une situation finale où l’état de l’environnement est meilleure en référence à une situation initiale moins bonne ; le consentement à recevoir représente la somme minimale que l’individu accepterait de recevoir pour rester dans la situation où l’environnement est dégradé au lieu de passer à une situation où l’état de l’environnement est meilleure (cf. Bontems et Rotillon, 1998, p.30 et 32 pour davantage de détails sur ces notions).

Le consentement à payer des agents permet d’approcher leur demande de biens environnementaux, qu’on ne peut trouver directement sur un marché puisque l’environnement reste extérieur au marché. La majorité de ces méthodes cherchent donc à mettre au point des procédés de révélation et d’évaluation des préférences des individus, afin d’attribuer une valeur à l’environnement, aux dégradations qu’il subit et aux mesures de protection de ce dernier (Barde, 1992).

La plupart des méthodes cherchent à mesurer les bénéfices pour l’environnement directement en termes monétaires. Deux techniques différentes sont utilisées pour y arriver : celle du marché de substitution et celle du marché hypothétique. La première consiste à rechercher un marché où les biens ou les facteurs de production qui sont achetés et vendus ont comme attributs des avantages ou des coûts environnementaux (cas de la méthode des prix hédonistes et de la méthode des coûts de déplacement). La seconde simule un marché en mettant les agents dans une situation où ils expriment leur estimation monétaire d’une amélioration hypothétique de l’environnement (c'est-à-dire leur consentement à payer ; cas de la méthode d’évaluation contingente). A chaque fois, on cherche à établir une fonction de demande des consommateurs (acheteurs d’un bien immobilier, usagers d’un site de loisirs, enquêtés mis en situation de marché hypothétique de la qualité de l’environnement) pour l’environnement, ce qui permet de calculer leurs surplus, donc les bénéfices retirés des biens environnementaux, ainsi que les dommages lors d’une dégradation de l’environnement.

D’autres méthodes (comme la méthode « dose-réponse ») cherchent à mesurer les bénéfices pour l’environnement d’abord en termes physiques pour ensuite les traduire en termes monétaires (lorsque cela est possible). Il s’agit de calculer une relation « dose-réponse » entre la pollution et un certain effet, comme par exemple l’effet de la pollution sur la santé, sur la dégradation physique des biens matériels (un bâtiment, un ouvrage d’art), sur la végétation ou sur les écosystèmes aquatiques. Par exemple, on met en évidence le nombre de décès liés à la pollution par les oxydes de souffre, le rythme de dégradation des bâtiments lié à la pollution par les pluies acides (OCDE, 1989). Contrairement aux autres méthodes étudiées, cette méthode ne cherche donc pas à mesurer le consentement à payer ou à évaluer le dommage en se référent au marché, mais évalue d’abord physiquement le dommage.
Nous présentons ci-dessous quelques unes de ces méthodes.
Complément

Ces différentes méthodes sont souvent qualifiées de « directes » ou d’« indirectes » dans la littérature, selon qu’elles consistent à interroger directement les individus afin d’établir une mesure du surplus ou qu’elles utilisent des informations relatives à des marchés existants pour approcher le marché étudié.

 
Définition

Le consentement à payer d’un individu représente la somme maximale qu’un individu est prêt à payer pour atteindre une situation finale où l’état de l’environnement est meilleure en référence à une situation initiale moins bonne.

Définition

Le consentement à recevoir représente la somme minimale que l’individu accepterait de recevoir pour rester dans la situation où l’environnement est dégradé au lieu de passer à une situation où l’état de l’environnement est meilleur.

Définition

C'est un marché où les biens ou les facteurs de production qui sont achetés et vendus ont comme attributs des avantages ou des coûts environnementaux.

Définition

(marché contingent) C'est un marché fictif qu’on utilise pour mettre les agents dans une situation où ils expriment leur estimation monétaire d’une amélioration hypothétique de l’environnement.