Ce chapitre étudie les méthodes d’évaluation économique de l’environnement. Il présente d’abord les composantes de la valeur économique de l’environnement et les principes de base du calcul économique. Il s’intéresse ensuite aux méthodes d’évaluation des politiques publiques environnementales, ainsi qu’aux méthodes d’évaluation des bénéfices environnementaux non-marchands, afin de pouvoir estimer la valeur de l’environnement, la valeur des dommages qu’il subit ainsi que l’efficacité des politiques environnementales.
L’environnement (au sens des écosystèmes) est un capital naturel qui génère des flux de biens et services environnementaux (également appelés services écosystémiques). L’évaluation économique des biens et services environnementaux (y compris les ressources naturelles) (par commodité, nous employons ici le plus souvent le terme de biens environnementaux pour désigner les flux de biens et services délivrés par le capital naturel) consiste à estimer la valeur de ces biens et services en fonction des différents éléments qui la composent et de considérations propres à l’analyse financière. C’est ce que nous proposons d’expliciter maintenant. Avant de considérer les méthodes d’évaluation des politiques environnementales et des biens et services environnementaux, nous présentons donc le contenu de la valeur de ces biens et services et les principes de l’évaluation.
Le capital naturel génère des biens et services environnementaux, dont nous cherchons à estimer la valeur, cette dernière n’étant pas entièrement reflétée par le système de prix
Exemple
Par exemple, les hydrosystèmes offrent entre autres des services d’épuration, d’alimentation en eau potable, des services en énergie motrice et des services récréatifs qui servent entre autres aux usages agricole, industriel, domestique et de loisir (Point, 1999), mais le marché ne fournit pas de prix pour tous ces éléments.
Or, le principe de rationalité économique veut que l’ensemble de la valeur monétaire d’un bien soit explicite afin qu’une allocation efficace des ressources environnementales puisse être réalisée. Ainsi, la mesure de la valeur d’un bien environnemental est nécessaire à l’estimation des dommages lors de dégradations environnementales (cf. chapitre 1, courbe de dommage marginal et optimum de pollution) et aux prévisions des impacts de différentes actions sur l’environnement. En effet, ces dommages ou ces impacts reflètent la perte, la dégradation ou la préservation des biens environnementaux : il faut donc au préalable évaluer monétairement la valeur de ces biens.
La valeur économique totale d’un bien environnemental est composée de plusieurs valeurs différentes, qu’on distingue en deux grandes catégories : les valeurs d’usage et les valeurs intrinsèques (Barde, 1992).
La valeur économique totale d’un bien environnemental est composée de plusieurs valeurs différentes, qu’on distingue en deux grandes catégories : les valeurs d’usage et les valeurs intrinsèques (Barde, 1992).
Définition
La valeur d’usage totale se compose des valeurs d’usage réel et des valeurs d’option.
Les valeurs d’usage réel représentent les avantages que peuvent retirer les agents économiques de l’usage présent d’une ressource environnementale (il s’agit par exemple de la jouissance d’une rivière ou d’un lac pour les activités de pêche, de promenade et les sports aquatiques ou des avantages retirés d’un parc naturel par les différents usagers).
Les valeurs d’option représentent les avantages que peuvent retirer les agents de l’usage potentiel d’une ressource, qu’ils n’utilisent pas aujourd’hui mais dont ils se laissent la possibilité d’un usage futur (par exemple, même si un individu n’est pas un usager présent de la forêt amazonienne, il peut souhaiter la préserver afin de pouvoir s’y promener un jour et de conserver les nombreux services écosystémiques qu’elle procure à l’humanité). Lorsque cet usage potentiel concerne l’individu lui-même, on parle de valeur d’option pour soi. Lorsque l’individu est attaché à cet usage potentiel du bien environnemental par ses contemporains, on parle de valeur altruiste. Lorsque cet usage potentiel concerne les générations futures, on parle de valeur de legs.
Les valeurs d’usage réel représentent les avantages que peuvent retirer les agents économiques de l’usage présent d’une ressource environnementale (il s’agit par exemple de la jouissance d’une rivière ou d’un lac pour les activités de pêche, de promenade et les sports aquatiques ou des avantages retirés d’un parc naturel par les différents usagers).
Les valeurs d’option représentent les avantages que peuvent retirer les agents de l’usage potentiel d’une ressource, qu’ils n’utilisent pas aujourd’hui mais dont ils se laissent la possibilité d’un usage futur (par exemple, même si un individu n’est pas un usager présent de la forêt amazonienne, il peut souhaiter la préserver afin de pouvoir s’y promener un jour et de conserver les nombreux services écosystémiques qu’elle procure à l’humanité). Lorsque cet usage potentiel concerne l’individu lui-même, on parle de valeur d’option pour soi. Lorsque l’individu est attaché à cet usage potentiel du bien environnemental par ses contemporains, on parle de valeur altruiste. Lorsque cet usage potentiel concerne les générations futures, on parle de valeur de legs.
Nous pouvons donc dire que :
Valeur d’usage totale = valeurs d’usage réel + valeurs d’option
avec : valeurs d’option = valeur d’option pour soi + valeur altruiste + valeur de legs
Valeur d’usage totale = valeurs d’usage réel + valeurs d’option
avec : valeurs d’option = valeur d’option pour soi + valeur altruiste + valeur de legs