Introduction : les tensions énergétiques ne suffiront pas pour réduire les gaz à effet de serre, et un réchauffement moyen de +2°C est déjà énorme
Devoir réparer des dégâts importants perturbe beaucoup l’économie. A titre d’exemple, en 2005 le Commissariat Général du Plan (CGP) a publié une évaluation moyenne de ce que serait une nouvelle crue de type 1910 à Paris. Premier élément : compte tenu de l’urbanisation et de l’artificialisation qui se sont développées depuis le début du XXe siècle, avec les mêmes précipitations, le niveau atteint serait supérieur de 70 centimètres. Vous pouvez évaluer dans les arrondissements les plus bas de Paris ce que signifient 70 cm au-dessus des repères indiqués sur certains murs. Deuxième élément, la population a crû : les évaluations du CGP évoquent 170 000 entreprises et 880 000 personnes concernées, 200 000 personnes sans téléphone et 1 million sans électricité pendant un à plusieurs mois, ainsi qu’une perturbation à 70 % du métro et du RER pendant un mois (et ce dans le cas où le métro et le RER ne seraient pas inondés, c'est-à-dire si la RATP et la SNCF sont capables de boucher toutes les entrées d’air et autres conduites techniques du système métro-RER à temps). Dans ce cas, le coût serait de 30 milliards d’euros dont 10 % du PIB de l’Ile-de-France l’année de l’inondation. Ce genre d’évaluation a également été opéré par nos voisins britanniques, qui ont pris beaucoup d’avance sur la compréhension de l’adaptation au changement climatique tendanciel. Ils ont par exemple constaté que la première fois que les grandes marées passeraient le barrage sur la Tamise, qui n’a pas été conçu pour fonctionner jusqu'à 17 fois par an comme le prévoit le scénario le plus grave, cela représenterait 30 milliards de livres de dégâts et au total 2 % du PIB de la Grande-Bretagne. Ceci leur fait conclure qu’il leur coûterait beaucoup plus cher de s’adapter au scénario tendanciel que de mener une politique de réduction des gaz à effet de serre nationale et internationale qui permette d’éviter cela. Certes, les océans ne sont pas encore assez chauds près des côtes européennes pour y provoquer des cyclones. Mais les événements dits extrêmes s’intensifient avec le contenu énergétique de l’atmosphère. Les assureurs ne remboursent pas tout : ainsi, s’ils règlent 55 milliards de dollars pour Katrina, ce dernier a coûté plus de 200 milliards de dollars : le solde est payé par la société, par ses citoyens et autres acteurs économiques sur tout ce qui n’a pas été assuré.
Crédits
US Madison Science and Engineering Center
Légende
Katrina, 28 août 2005
Aujourd’hui, devant l’augmentation des dégâts climatiques sur l’ensemble de la planète, les assureurs notamment britanniques, sont en train, d’une part, de se demander s’il ne faut pas revoir l’assurabilité d’un certain nombre de dégâts qui deviennent certains et non plus probables, et d’autre part, de commencer à discuter avec les gouvernements et les collectivités le fait d'assujettir l’assurabilité de ces territoires à la mise en œuvre de politiques effectives de réduction des gaz à effet de serre et de prévention des dégâts : par exemple, cesser de construire en zone inondable.