Pierre Radanne a réalisé en 2003 une étude prospective pour la mission interministérielle de l’effet de serre. Le graphique ci-après illustre le fait que nous ne devons pas imaginer la société et la consommation d’énergie de demain comme une extrapolation des structures actuelles de l’économie.
Crédits
Pierre Radanne, 2003. Droits d’usage gratuits accordés
Légende
Evolution de la consommation d’énergie par habitant
L’évolution de la société telle que dessinée par nos consommations énergétiques nous décrit dans les années 60 au stade où se trouve aujourd’hui la Chine – c'est-à-dire avec une consommation énergétique essentiellement axée sur l’habitat et l’industrie lourde, il s’agit de tout l’équipement du pays, toutes les infrastructures, l’acier, le béton, le ciment, le verre, etc. – ; nous avons poursuivi cette tendance jusqu’au premier choc pétrolier. Au premier, puis au deuxième choc pétrolier, nous avons compris que nous ne pouvions pas continuer ainsi et nous avons réussi à être plus riches en consommant moins : en 1987 nous étions nettement plus riches qu’en 1973, le PIB avait beaucoup augmenté, mais nous consommions moins d’énergie, avec surtout une forte amélioration de l’industrie lourde et de la construction neuve. Mais il y a encore du travail et beaucoup de possibilités rapides dans par exemple le secteur agroalimentaire, (consommation d’énergie dans les systèmes agricoles, la distribution, le conditionnement de notre nourriture).
Nous voyons aussi dans les années 80 la montée du tertiaire.. Aujourd’hui, ce secteur n’a pas beaucoup bougé, l’industrie lourde a même plutôt continué sa rétraction, le bâtiment n’a pas beaucoup augmenté ; en revanche, l’électronique de loisir a explosé – éteignez vos veilles d’ordinateurs, éteignez vos veilles de télévision, cela consomme autant que pendant l’usage sur une année – et surtout les transports. Dans notre société, les émissions de gaz à effet de serre sont tirées par les transports et la production électrique, et vous en voyez le reflet dans la structure de nos consommations.
Autre bonne nouvelle : lorsque l’on réduit sa consommation d’énergie, on est plus riche ; ce que nous avons fait ici nous a rapporté aujourd’hui un point de PIB par rapport à ce que nous aurions dû dépenser si nous n’avions pas réagi aux chocs pétroliers.