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D’abord parce que nous les avons fortement appauvris en plantes et en animaux : nous avons sélectionné des plantes et des animaux sur un critère unique, par exemple le rendement en viande, en lait ou en grains au détriment de leur robustesse que nous pensions pouvoir compenser par la chimie. Nos deux problèmes sont donc d’abord que nous avons moins le choix aujourd’hui dans ce que nous cultivons (mais tout n’est pas perdu car bon nombre de variétés existent dans les catalogues et les conservatoires de l’INRA ou d’ailleurs) et ensuite que ceux que nous avons sélectionnés sont généralement vulnérables.
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Nous avons deuxièmement une agriculture très dépendante énergétiquement, qui aujourd’hui consomme plus d’énergie qu’elle n’en fournit, alors qu’elle dispose du moteur de la photosynthèse qui nous en fournit gracieusement. L’utilisation d’engrais de synthèse représente aujourd’hui 55 % du bilan énergétique des grandes cultures. L’INRA et certains réseaux d’agriculteurs développent depuis au moins une dizaine d’années et parfois beaucoup plus des systèmes de grande culture et d’élevage beaucoup plus économes en intrants et en engrais, avec des rendements tout à fait satisfaisants du point de vue économique pour l’agriculteur.
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En outre, des cultures importantes en espace ont une forte dépendance à l’eau (par irrigation), et cela sera handicapant en régime plus sec. Or il existe du riz naturel qui pousse très bien sans irrigation. Mais comme les pays qui ont le plus développé la culture du riz étaient les pays les plus humides,qui utilisaient les rizières, nous avons oublié cela.
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Autre problème de vulnérabilité agricole, l’emploi de produits chimiques et d’engins lourds a beaucoup réduit la capacité d’adaptation des écosystèmes supports de l’agriculture, notamment le sol : dans certains endroits, par exemple dans des vignobles de l’Hérault, le sol ne se reconstitue plus, les racines des ceps se fossilisent parce que l’activité du sol a été complètement éteinte par la compaction et l’empoisonnement.
- En outre, lorsque vous voulez vous passer de fongicides, ou par exemple d’insecticides comme dans le cas de la chrysomèle, encore faut-il disposer du prédateur de cette chrysomèle qui permet au maïs de jouer son rôle et d’éviter le recours au phytosanitaire. Pour cela, il faut que l’écosystème support soit suffisamment en bon état pour héberger les prédateurs qui vont beaucoup nous aider dans cette nécessité de réduire la pression exercée sur les écosystèmes.Il en va de même pour la sylviculture.